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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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hameaux, les Européens se regroupent et se barricadent. L'effet de surprise

ne peut plus jouer.

Sur la frontière tunisienne, où des groupes armés ont été signalés, le

commandement expédie les deux bataillons du 1 er R.C.P. de Philippeville

qui sont, quant à eux, opérationnels. Dans les jours qui suivent, quelques

accrochages infligent des pertes en hommes et en armement aux rebelles au

nord de Souk-Ahras.

La révolte n'est pas pour autant brisée. Les bandes qui se sont signalées

dans la nuit du 1 er novembre errent dans l'Aurès.

Pour les détruire, il faut les traquer et, dans ce pays au relief escarpé, de

surcroît aux approches de l'hiver, la tâche n'est pas facile. Elle implique du

monde, beaucoup de monde même. Les renforts sollicités, fin octobre, par

le général Cherrières et qui sont déjà en alerte, c'est-à-dire la 25 e division

d'infanterie aéroportée de Pau, sont acheminés d'urgence début novembre

vers Alger, puis vers le Constantinois.

Cette 25 e D.I.A.P. n'a de division que le nom. Le gros des paras est en

Extrême-Orient. A Pau, on forme surtout les appelés du contingent

volontaires parachutistes. D'unités constituées, la 25 e D.I.A.P. n'en possède

vraiment que deux : 1 er régiment de hussards parachutistes – un gros

bataillon – et le 18 e régiment d'infanterie parachutiste de choc. C'est le 18 e

de Ducournau, Ducournau qui va lancer le mythe des paras en Algérie.

De la gloire il en a à revendre, ce jeune colonel légèrement claudicant,

souvenir d'une vieille blessure. Il a prouvé aussi qu'un guerrier pouvait être

un organisateur. Le raid sur Lang-Son en juillet 1953, aux confins de la

frontière de Chine, c'est lui. Cette auréole sur son nom commence à lui

monter un peu à la tête, mais en débarquant en Algérie il a encore les pieds

sur terre. Souplesse, vitesse d'exécution restent ses idées-forces. Il les

appliquera.

Le premier, il affronte l'Aurès. Ses compagnies, avec chaque jour plus de

métier, fouillent grottes et ravins. Les vrais combats sont peu nombreux

mais payants. Les bandes accrochées perdent du monde 10 . Les paras y

gagnent du prestige sur cette route où ils laissent aussi des leurs, ainsi le

lieutenant Thomazo, second fils tombé pour la France d'un colonel qui fera

parler de lui par la suite 11 .

Si Ducournau marque des points, le bilan d'ensemble n'est pas

absolument positif. L'Aurès est trop vaste pour être pacifié par un ou deux

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