30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Ce déferlement de haine raciale s'est déjà manifesté. Le 10 août, trente

kilos de cheddite, placés par des contre-terroristes, ont fait sauter un bloc

d'immeubles dans la Casbah. Le F.L.N. a déclaré soixante victimes, les

pompiers quinze.

Le 6 janvier 1957, Lacoste annonce à Salan sa décision. Il donne à la 10 e

D.P. de Massu, qui vient de rentrer de Suez, les pouvoirs voulus pour

débarrasser Alger du mal qui le ronge. Aux militaires d'intervenir.

L'habituel cloisonnement, pour ne pas dire la rivalité entre grands services

de police, D.S.T., P.R.G., P.J., etc., a démontré son inefficacité. Seuls des

moyens puissants et surtout une tête unique et ferme peuvent briser l'action

terroriste. Les civils reconnaissent ainsi leur impuissance et passent la main.

Ce qu'on appellera la bataille d'Alger s'engage.

Il y avait plusieurs mois qu'Abane Ramdane avait décidé de porter la

guerre en ville et de frapper la population européenne. Pour le F.L.N., il

s'agissait d'abord de représailles aux sévices subis par les Algériens dans le

bled. Il s'agissait aussi et surtout de montrer sa détermination et de

s'imposer par tous les moyens disponibles. Les Allemands pilonnaient

Londres ou Coventry. Les Alliés écrasaient Dresde ou Hambourg. Le

F.L.N., dans la logique de son action et de ses possibilités, lançait ses tueurs

avec grenades et plastic.

Les deux adversaires en présence ont des forces théoriquement bien

dissemblables mais, dans les deux camps, les vrais acteurs seront

relativement peu nombreux. Le courage, la détermination, l'intelligence y

joueront un rôle essentiel.

Le F.L.N. est à la fois fort et faible. Le C.C.E. a créé la Z.A.A., la zone

autonome d'Alger, qui comprend la ville et sa banlieue et l'a confiée à l'un

des siens, Ben M'hidi. Celui-ci dispose d'environ 1 200 hommes armés,

comme toujours, de manière hétéroclite et de valeur inégale. Tous ces

militants sont courageux, ils n'ignorent rien des risques pris en ralliant le

Front, mais rares sont ceux qui ont les capacités morales et techniques

nécessaires pour pratiquer l'action terroriste. Yacef Saadi et Mokhtar

Bouchafa ont constitué de bonnes équipes, enrôlant même des femmes,

mais les réseaux du F.L.N. manquent de spécialistes dans l'art des explosifs.

Leurs engins, leurs dispositifs pyrotechniques auront toujours un petit côté

artisanal, ce qui ne les empêchera pas d'être meurtriers.

En revanche, sur Alger, puisque c'est là que l'essentiel va se jouer, les

complicités sont abondantes. Au fil des mois le F.L.N. a pris en main la

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!