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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Au début de 1959, le général Challe est dans une situation beaucoup plus

favorable que ne l'était son prédécesseur Raoul Salan. L'horizon politique,

dans l'immédiat du moins, est limpide. De Gaulle n'a pas encore commis de

fausse note sur le thème de l'Algérie française. Devenu président de la

République, il a nommé Premier ministre un homme qui apparaît comme la

meilleure des cautions : le fougueux tribun du Courrier de la colère, Michel

Debré. Ne s'écrie-t-il pas, celui-ci, le 22 mars à Constantine :

« La première chose que je tiens à vous dire, répétition inlassable et

inlassablement nécessaire, c'est que la France est présente en Algérie et

qu'elle y restera. »

Ce disant, Michel Debré s'engage non seulement à titre personnel, mais

encore au nom du gouvernement de la République, cinquième du nom.

Sur le plan personnel, les rapports de Maurice Challe avec son patron, le

délégué général Paul Delouvrier, sont bons. La courtoisie de ces deux

serviteurs de l'Etat qui « savent vivre » concourt à l'harmonie. Raoul Salan

supportait mal le côté un peu primaire parfois de son syndicaliste de

ministre. Ce dernier n'appréciait qu'à demi le style glacé du commandant en

chef. Désormais, entre le gouvernement général et l'état-major interarmes,

le courant passe. La vie opérationnelle s'en ressentira. Surtout,

militairement – puisque là se situe le niveau de Maurice Challe –, les

données sont plus claires. L'héritage Salan n'est pas si mauvais. Le

terrorisme urbain est pratiquement maté. Les cellules F.L.N. ont été

détruites et ne parviennent pas à se reconstituer. Un abcès d'importance est

ainsi éliminé. Les troupes d'intervention peuvent vaquer à leur vraie

mission.

Aux frontières est et ouest, le barrage construit sous Salan démontre

chaque jour un peu plus son efficacité. Tenter de pénétrer en Algérie s'avère

suicidaire. Le réseau électrifié, sans cesse perfectionné, avec ses mines, ses

patrouilles permanentes, représente un obstacle en soi et quiconque le

franchit donne l'alerte. Aussitôt, c'est l'hallali. L'adversaire ne peut être loin.

Il erre dans un rayon de quelques kilomètres. Un petit groupe peut à la

rigueur passer inaperçu, un détachement important, non. Malheur à ceux qui

seront repérés avec le jour naissant. Ils figureront au bilan de la journée

dans le secteur de Morsott, Souk-Ahras ou Mondovi. Maurice Challe peut

travailler dans un pays bien cloisonné.

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