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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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La réponse est claire. Malheur aux vaincus ! Vengeance et répression !

Les cellules de la Santé, de Fresnes, des Baumettes, de toutes les prisons de

France ne cessent de recevoir de nouveaux occupants. Pour de nombreux

pieds-noirs, la liberté s'appelle une terre espagnole, italienne, voire plus

lointaine.

La haine appelle la haine. Un combat continuera qui n'appartiendra plus à

la guerre d'Algérie mais en sera le prolongement en métropole. Ce sera,

entre autres, le Petit-Clamart, l'enlèvement d'Argoud, la jarre piégée du

mont Faron, etc. Des années durant des hommes resteront dans les geôles

françaises 1 . L'ultime carré ne quittera le bagne de Saint-Martin-de-Ré que

six ans plus tard à l'occasion des événements de mai 1968. Raoul Salan, le

dernier, franchira les murs d'enceinte de la prison de Tulle. Ce n'est qu'à ce

moment-là, enfin, que les exilés pourront rentrer.

Débarquée, démunie de tout, la communauté française d'Algérie trouvera

dans la mère patrie le plus souvent l'incompréhension ou l'hostilité Le maire

de Marseille l'accueille en parlant de « pendre tous les bandits de l'O.A.S. »,

et les bandits de l'O.A.S., la population européenne d'Algérie sait bien que

c'est d'elle qu'il s'agit, elle qui a lutté pour garder sa terre natale. Peu à peu,

au hasard des points d'accueil, les familles se fixeront à nouveau œuvrant

avec courage à défaut d'un lointain et hypothétique dédommagement 2 .

En Algérie, c'est la tragédie.

« Les plaies sont encore béantes. Le sang n'est pas sec. Le peuple

algérien saura reconnaître les siens », écrira plus tard le commandant

Azzedine 3 .

Le peuple algérien – une partie du moins – se rue sur ce qui rappelle la

France et permet d'acquérir à bon compte. Les églises sont dévastées, les

cimetières profanés, les monuments détruits, les demeures occupées. La

spoliation des biens et des propriétés est brutale et sans appel. Protester

signifie la mort. A Alger, « dès que les Français aperçoivent sur un balcon

un homme en turban, la panique s'empare des locataires et l'immeuble se

vide », rapporte le capitaine Ali Lounici 4 .

A défaut de ses meubles, du moins essayer de sauver sa vie. Ce n'est pas

toujours possible. Il n'est plus aucune protection. L'armée française se terre

en ses cantonnements et laisse la populace tuer et piller. La force locale s'est

volatilisée. Les enlèvements se multiplient dans l'intérieur comme dans les

villes. A Oran, le 5 juillet, une marée meurtrière s'abat sur certains

quartiers. Plus de 1 500 Européens sont égorgés, massacrés en quelques

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