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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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La djihad, la guerre sainte, s'ajoute parfois à ces obligations de caractère

impératif. Et puis il est toute une série de prescriptions régentant la vie

matérielle : interdiction de manger de la viande de porc, de boire des

boissons alcoolisées, de se livrer aux jeux de hasard. Le nombre des

épouses est limité à quatre, mais il est permis d'avoir des relations sexuelles

avec les esclaves dont on est propriétaire. Des restrictions parfois sévères

alternent ainsi avec un grand libéralisme au niveau de certaines mœurs.

Aux justes ayant suivi ses préceptes, ce Dieu « indulgent pour les

hommes malgré leur iniquité, mais terrible dans ses châtiments » promet un

paradis bien terrestre. « Les justes habiteront au milieu de cours d'eau. Ils se

reposeront accoudés sur des tapis doublés de brocart. Là seront de jeunes

vierges semblables à la hyacinthe et au corail. »

Ce paradis est à la mesure d'âmes rudes que ne déroutent pas les appels à

la violence : « Lorsque vous rencontrerez les infidèles, tuez-les... Faites la

guerre à ceux qui ne croient ni à Dieu ni au jugement dernier. »

Comme la loi coranique est bien loin, là, de la grande règle d'amour

chrétienne : « Aimez-vous les uns les autres. » Si Mahomet a une

explication du monde qui rejoint la tradition judéo-chrétienne, si nombre de

ses préceptes moraux retrouvent ceux de l'Evangile, voici sa grande

divergence avec le Dieu des chrétiens : au Dieu d'amour relié à l'homme par

son fils, il oppose un Dieu rigide, justicier implacable sans lien avec ses

créatures. Le divorce entre les deux grandes religions est inéluctable.

Mahomet, sûr de sa foi dictée par l'ange Gabriel, a prêché. Des disciples

se sont joints à lui. Son mouvement a pris de l'ampleur. Pour s'imposer, il

lui a fallu s'exiler d'abord, batailler ensuite, piller et voler parfois, tuer

aussi 3 . A sa mort, en 632, il a repris La Mecque et domine la majeure partie

de l'Arabie. Ses héritiers vont faire preuve à son image d'un singulier

dynamisme où l'appât du butin rejoindra l'esprit de croisade.

*

* *

Les cavaliers arabes qui, par l'Egypte, la Tripolitaine, l'Ifrikia – ainsi sera

bientôt baptisée l'actuelle Tunisie – galopent vers le couchant, sont

numériquement peu nombreux. Ils ont pour eux et leur foi et l'enthousiasme

des vainqueurs. Leurs coups ont déjà ébranlé les deux grands empires du

moment : le Perse et le Romain d'Orient.

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