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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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résistants parfois, comme les frères Le Tac, truands heureux de l'aubaine,

mercenaires en quête d'une solde comme ces exilés vietnamiens qui se

transforment en hommes de main 3 .

Sous le ministre de l'Intérieur, Roger Frey, le chef d'orchestre de ces

groupes parallèles est Alexandre Sanguinetti, M. « Anti-O.A.S. ». Curieux

itinéraire que celui de cet ancien partisan très actif de l'Algérie française

en 1957-1958 et qui lance ses tueurs contre ceux qui la défendent en 1962 4 .

Les « barbouzes » jouent du plastic 5 , arrêtent, torturent, assassinent. Une de

leurs victimes les plus marquantes est un ingénieur des usines Berliet de

Bouira, enlevé sur son lieu de travail et dont le corps criblé de balles est

retrouvé quelques jours plus tard dans la région d'Orléansville 6 , Avec les

commandos de l'O.A.S., c'est sur Alger et El-Biar, une lutte à mort où les

équipes de Branca et de Degueldre finissent par l'emporter. Branca attaque

et détruit au bazooka l'hôtel Radja, l'un de leurs fiefs. Degueldre, toujours

bien informé, introduit un engin piégé dans un autre de leurs repaires.

L'explosion qui anéantit la villa sauve du moins les prisonniers O.A.S.

voués à une mort certaine. Sur les murs d'Alger, sous le titre « le chef et ses

barbouzes », l'O.A.S. appose des affiches où l'on voit de Gaulle et ses

séides. Au fil des jours, les photos se biffent d'une croix mentionnant

l'exécution. A la fin de février les barbouzes ont perdu leur bataille d'Alger,

ce qui ne veut pas dire que l'O.A.S. ait gagné, bien au contraire.

Certes, l'édifice paraît solide mais ses fondations le sont-elles tellement ?

Le 26 janvier, l'O.A.S. Alger a connu sans doute son apogée. Sur son ordre,

à 18 heures, pour commémorer les barricades, Alger s'est figée dans le

silence. Manifestation d'une rigueur absolue et qui impressionne, mais qui,

sur le fond, n'est pas dangereuse. Combien sont-ils vraiment à risquer les

coups ? Quelques centaines sur Alger et sur Oran, guère plus.

Cette réalité, les chefs de l'O.A.S. ne l'ignorent pas. Pour vaincre, il leur

faut soit entraîner des éléments militaires, soit soulever la population. Déjà

se profilent leurs prochaines manœuvres dans un climat qui, dès la fin

janvier, se dégrade.

Il est des luttes intestines. Deux responsables de la fraction dite

nationaliste – Susini y comptait des amis –, Leroy et Villard, sont abattus

par Degueldre et Le Pivain sur décision du soviet. Motif : déviationnisme et

contacts avec le pouvoir pour une solution de partition de l'Algérie 7 . La

passion des esprits a déclenché une réaction excessive. Philippe Le Pivain

tombe quelques jours plus tard, victime d'un barrage routier. Les gardes

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