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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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milliers d'hommes. Le terrain se prête aux embuscades. Ainsi le 1 er R.H.P.,

suite à une imprudence, laisse-t-il 6 prisonniers entre les mains des rebelles.

Les axes carrossables sont rares. L'appui, aviation, artillerie, hélicoptère est

inexistant. L'état-major, à son échelon supérieur, n'a pas encore compris

cette guerre où l'endurance physique, le courage individuel, la vitesse de

réaction jouent un rôle essentiel. Le déplacement se fait en convoi ou

colonne par un sur les pistes. L'adversaire regarde et laisse passer s'il se sent

faible, ce qui est le cas le plus fréquent.

Du moins, à Noël 1954, peut-on dire qu'en Algérie, hormis ce

quadrilatère Biskra – Batna – Khenchela – Khanga-Sidi-Nadji, l'ordre

français règne. Le couvre-feu est exceptionnel. Les trains roulent même de

nuit. La circulation routière ne rencontre guère de contraintes.

L'insurrection n'aurait-elle été qu'un feu de paille sanglant, comme en

mai 1945 ? Beaucoup, à des indices, se doutent qu'il n'en est rien. Dans un

an, fin 1955, la guerre sera partout. Elle aura déjà fait des milliers de morts.

L'insécurité sera quasi générale. L'inquiétude sera implantée chez les

Européens.

Que se sera-t-il passé pour en arriver là ?

1 Hadj Sadok mourra le lendemain.

2 Arris devait être attaquée dans la nuit du 31 au 1 er mais le responsable de l'opération, Ahmed

Nouaoura, un petit commerçant du village, s'est retrouvé seul. Au pied du mur ses trente-neuf

hommes l'ont abandonné.

3 Les explosifs ne seront jamais vraiment une spécialité des Algériens. Leurs experts resteront

limités et des Européens leur prêteront leur concours. On le verra dans la bataille d'Alger.

4 Etablissements régionaux du matériel.

5 Paul-Cassaigne, petit village de colonisation, a été baptisé, après l'indépendance, Abderahmane-

Ramalek.

6 Le 1 er novembre 1954, jeune officier aux parachutistes de la légion, je me trouvais en stage chez

les commandos de la marine au Cap-Matifou, un peu à l'ouest d'Alger. Dans la matinée, le car des

permissionnaires m'avait déposé dans le centre de la ville. Messe à l'église Saint-Augustin, au bas de

la rampe Dumont D'Urville. Vers 13 h 30, sortant d'un restaurant en quête d'un cinéma pour tuer

l'après-midi, rue d'Isly, mon attention est attirée par la patrouille militaire interpellant tous ceux qui

portaient l'uniforme. Intrigué, étant en civil, je me présente et le chef de patrouille me déclare : « Des

troubles ont éclaté. Tous les militaires doivent regagner leur caserne. » J'appris ainsi le début d'une

guerre qu'aucun signe extérieur, aucune agitation ne laissait transparaître. Il faudra attendre le journal

du soir pour en savoir un peu plus. (Note de l'auteur.)

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