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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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assez de rectitude ?

Témoignage de l'état d'esprit à son égard, ce refrain que fredonnent les

soldats du corps expéditionnaire partant se regrouper à Toulon :

Alger est loin de Waterloo

On ne déserte pas sur l'eau.

De notre général Bourmont

Ne craignons point de désertion.

Le commandant en chef désigné n'a cure de ces humeurs. Il rallie lui

aussi Toulon pour veiller à la préparation de l'expédition qui sera également

une affaire de famille. Ses quatre fils partent avec lui.

Les tâches militaires ne le détournent pas des autres obligations plus

générales de sa mission. Le 13 mai, il prend connaissance de la circulaire

envoyée la veille par son souverain aux puissances internationales :

« Le roi est fortement résolu à ne pas poser les armes, à ne pas rappeler

ses troupes d'Alger que ce double but (venger l'honneur du pavillon et se

garantir d'agressions ultérieures) n'ait été atteint et suffisamment assuré ; et

c'est pour s'entendre sur les moyens d'y parvenir en ce qui concerne les

intérêts généraux de l'Europe, que Sa Majesté a fait annoncer à ses alliés,

le 12 mars dernier, son désir de se concerter avec eux dans le cas où le

gouvernement actuellement existant à Alger viendrait à se dissoudre au

milieu de la lutte qui va s'engager. On rechercherait alors en commun quel

serait l'ordre des choses nouveau qu'il serait convenable d'établir dans cette

contrée pour le plus grand avantage de la chrétienté. »

La position française n'est donc claire que sur un point : la France va à

Alger. Sur ce qui se passera par la suite, les desseins sont encore flous.

Bourmont reçoit néanmoins quelques instructions plus confidentielles et

plus précises, signées Polignac :

« La France renonce à toute prétention sur les autres points de la côte, à

l'ouest du cap Rouge, qu'elle a occupés autrefois. En échange de cette

renonciation et pour indemniser la France des préjudices qu'elle a éprouvés

par la destruction du fort de La Calle, le dey cède à Sa Majesté Très

Chrétienne la ville de Bône et un rayon de dix lieues autour de la ville. »

Il lui est également notifié :

« La destruction des fortifications d'Alger est aussi mentionnée dans vos

instructions, monsieur le Comte, comme l'une des conditions de la paix. Il

est bien entendu, toutefois, que cette condition ne devra recevoir

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