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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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« Le 25 avril 1958, le tribunal spécial de l'A.L.N. a condamné à mort

pour tortures, viols, assassinats perpétrés contre la population civile du

village de Roum-el-Souk, près de La Calle, les militaires français dont les

noms suivent : Decourteix René, du 23 e R.I., Richomme Robert, du 23 e

R.I., Feuillebois Jacques, du 18 e dragons. Sa sentence a été exécutée

le 30 avril au matin. D'autres dossiers, pour des faits analogues, sont

actuellement à l'instruction 3 . »

L'annonce de ces exécutions est connue à Alger à peu près au même

moment que la récente déclaration de Pierre Pflimlin à un journal alsacien

où il précise son intention « de saisir toutes les occasions d'engager les

pourparlers en vue d'un cessez-le-feu et de faire appel aux bons offices

tunisiens et marocains ».

Le divorce ne peut être que total entre une population et une armée

indignées par le sort réservé à trois soldats français et les perspectives

formulées par le futur chef du gouvernement. Paris ne se rend pas compte

de la poudrière à la mèche allumée que représente Alger. Le fossé

d'incompréhension est total.

A la demande du général Salan, une manifestation en hommage aux

fusillés est prévue le 13 en fin d'après-midi à Alger. Elle doit regrouper

autorités et population dans un même recueillement. Si Salan espère ainsi

canaliser l'hypertension des Algérois devant ce qui se passe à Paris et sur le

terrain, il ne peut empêcher Alain de Sérigny dans son journal l'Echo

d'Alger d'en appeler à de Gaulle. « Parlez, parlez vite, mon général », titre

de Sérigny dans son quotidien, traduisant le désarroi des esprits et le recours

que chacun recherche.

Les propos d'Alain de Sérigny sont d'actualité puisque la France, en ces

moments difficiles, n'a toujours pas de gouvernement. On négocie dans les

couloirs du Palais-Bourbon. A Alger, en revanche, on élabore.

Ils sont au moins sept à se retrouver, le 12 mai au domicile du docteur

Lefèvre, un poujadiste, à Hydra, sur les hauts d'Alger. Martel est là, bien

sûr, avec son adjoint Maurice Crespin. Il y a aussi Goutailler, un autre

poujadiste, M e Baille, Georges Kerdavid. Il y a surtout Pierre Lagaillarde, le

président des étudiants d'Alger, qui, auréolé de son récent service dans les

paras, parle haut et fort. Il n'a que vingt-sept ans, cet étudiant prolongé, au

profil de mousquetaire, mais il brûle de griller les étapes avec la fougue de

sa jeunesse. Ces sept hommes veulent enfin passer à l'action. Comment ?

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