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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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A Paris, à Alger, le gouvernement, le ministre résident ont suivi

évidemment l'évolution militaire des combats du Constantinois mais ils sont

beaucoup plus sensibles à l'écho politique et international d'un nom qui

claque : « Sakiet ».

« Sakiet », c'est Sakiet-Sidi-Youssef, modeste village tunisien à l'est de

Souk-Ahras et à quelques jets de pierres de la frontière. L'A.L.N. y est

installée comme chez elle, occupant la majeure partie de la bourgade ainsi

qu'une mine désaffectée située quelques kilomètres plus au sud. Face à

Sakiet, les troupes françaises, les avions de reconnaissance, sont souvent

pris à partie par des tirs algériens venus de Tunisie.

Le 11 janvier, deux sections du 23 e R.I., sous les ordres du capitaine

Allard, partent se mettre en embuscade à environ 700 mètres de la frontière

sur un lieu de passage habituel des éléments de l'A.L.N. s'infiltrant en

Algérie. Elles se heurtent à un adversaire nombreux et sont prises sous un

feu nourri venu des hauteurs aussi bien algériennes que tunisiennes.

Bousculées, elles ne se dégagent que grâce à l'arrivée de renforts mais

perdent quatre prisonniers et ont quatorze tués, retrouvés affreusement

mutilés.

La complicité tunisienne est évidente. Elle a couvert l'attaque à partir de

son territoire national. Le gouvernement français entend protester mais le

président Bourguiba refuse de recevoir son émissaire, le général Buchalet.

La rancœur augmente dans le camp militaire français et la tension

continue à monter dans le secteur de Sakiet. Le 30 janvier, un T-6 est abattu

par une D.C.A. située en Tunisie. Le général Jouhaud, qui commande les

forces aériennes en Algérie, prévoit une riposte avec l'accord du général

Salan et du général Ely, chef d'état-major général de l'armée, c'est-à-dire le

grand patron de l'armée française.

Le 7 février au matin, un Marcel-Dassault de reconnaissance est touché,

toujours aux approches de Sakiet. Il se pose en catastrophe à Tébessa. La

riposte prévue tombe. A la mi-journée, Mistral, B-26 et Corsaire piquent

sur Sakiet et sur la mine, là où les cantonnements algériens ont été localisés.

Quelques jours plus tard, un communiqué officiel français annoncera

130 rebelles tués.

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