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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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les musulmans, des centaines chez les Européens. Quel visage présente cet

anniversaire de la Toussaint 1954 ? Trois photographies peuvent le

silhouetter :

1. Saigon

La nuit du 31 octobre au 1 er novembre 1955 est tombée très vite, baignée

de moiteur. Coïncidence, dans quelques heures très exactement, la guerre

d'Algérie, qui n'ose encore avancer son nom, aura un an.

A des milliers de kilomètres de la terre africaine, dans leur cantonnement

d'En-Ton-Tay, en grande banlieue de Saigon, les légionnaires de la 7 e

compagnie du 2 e B.E.P. ont terminé leurs paquetages. Assis sur leurs sacs

ils attendent les véhicules qui les mèneront au L.C.V.P. 5 assurant la liaison

avec le Pasteur ancré en mer de Chine. Dans 15 jours, ils débarqueront à

Mers-el-Kébir, près d'Oran, en Algérie.

Leur commandant de compagnie les a rassemblés. Les hommes ne

distinguent pas le visage de leur chef mais ils entendent sa voix. Il est, cet

officier, l'un des rares rescapés des combats de la R.C.4 en octobre 1950 sur

la frontière de Chine, où son bataillon, le 1 er B.E.P., a été anéanti 6 . Son cœur

est lourd.

« Nous allons quitter à jamais cette Indochine où nous nous sommes tant

battus depuis des années. Pensons à nos camarades qui sont tombés à Cao-

Bang, à Na-San, à Dien-Bien-Phu... »

La liste est longue des noms qui parlent aux survivants. Ba-Cun : là, le

1 er avril 1950, la compagnie a gagné la palme qui orne son fanion. Lang

Son, juillet 1953. Un saut heureux parmi d'autres pour reprendre pied

quelques heures durant dans la cuvette.

« Pensons aussi à nos camarades vietnamiens qui se sont, eux, si bien

battus à nos côtés sous le béret blanc de la compagnie indochinoise de

parachutistes. Ils croyaient en nous. »

« Nous rentrons. Un autre combat nous attend. L'Algérie, c'est la France.

Elle ne doit pas tomber entre les mains des rouges... »

Il ne dit pas les communistes. Il parle des rouges. Ses gars savent ce qu'il

en est.

« Oui, là-bas, nous allons avoir à nous battre à nouveau, mais là-bas nous

gagnerons. Nous ne partirons pas... Le coup de l'Indo, on ne nous le refera

plus ! »

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