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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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adresse surtout des bonnes paroles, mais de fusils et de cartouches, point. Il

conviendra donc de faire avec les moyens locaux déjà en place, c'est-à-dire

ceux de Ben Boulaïd et de Krim Belkacem surtout. Côté explosifs, un

artificier du P.C.A. prétend être expert. A défaut, les conjurés lui font

confiance. Ils savent maintenant ne plus pouvoir reculer.

*

* *

Côté français, qui se doute de ce qui se trame ? Les civils, en cette

occasion, paraissent avoir été plus perspicaces que les militaires. Au début

de 1954, Roger Wybot, le patron de la D.S.T. (Défense et Sécurité du

Territoire), localise en Kabylie les premiers fils du complot. Dans un

rapport à son ministre, courant mars, il signale l'existence du C.R.U.A.,

présente l'organigramme du dispositif kabyle déjà en place et avance un

nom : Krim Belkacem. Le dossier, où transparaît déjà ce qui va se passer,

s'entasse sur les étagères du ministère de l'Intérieur. Wybot aura beau jeu de

rappeler en novembre qu'il avait prévenu.

A Alger, c'est le chef de la Sûreté, le préfet Vaujour, qui tire la sonnette

d'alarme. Il provoque une réunion des responsables civils et militaires à

Constantine. Le colonel Blanche, qui commande à Batna, est catégorique. Il

vient de parcourir l'Aurès en toute quiétude et n'a rien perçu de suspect

devant le capot de sa jeep. En dépit de cette belle assurance, son supérieur,

le général Cherrières, patron du corps d'armée à Alger, se montre plus

prudent. Il n'ignore pas que la frontière algéro-tunisienne est un mythe. Or,

en Tunisie, les troubles antifrançais se poursuivent et des renforts ont dû

être envoyés, dégarnissant encore un peu plus les garnisons algériennes.

Cherrières demande donc et obtient la mise en alerte des paras du sud-ouest

de la France, c'est-à-dire la 25 e D.I.A.P. à Pau.

On en reste là et la vie, en Algérie, à l'automne 1954, se poursuit dans sa

relative routine. Rien ou presque rien n'a donc véritablement transpiré. Les

services de renseignements français ignorent qu'une action va se déclencher

et que ses auteurs, pour parfaire leur préparation, ont décidé de reporter la

date fixée initialement au 15 octobre. Le grand jour sera le 1 er novembre,

fête de la Toussaint pour les chrétiens.

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