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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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On reprochera aussi à Challe et aux colonels d'avoir été légers dans leur

préparation et d'avoir examiné surtout l'aspect technique et militaire du

coup d'Etat. Grief en partie fondé seulement, car les colonels, avant le

22 avril, ont rencontré des hommes politiques importants qui ne les ont pas

dissuadés. François Valentin, Robert Lacoste, Max Lejeune, Jacques

Soustelle et bien d'autres savaient. Et alors, une autre question se pose : de

Gaulle savait-il ? Ses services de renseignements ne pouvaient ignorer un

complot aux larges ramifications. L'arrestation des conjurés parisiens, dès

le 22 avril au matin, le prouve. De Gaulle avait intérêt à crever l'abcès.

1 Le colonel Romain Desfossés, en poste à Philippeville, sera muté brutalement en métropole pour

une telle attitude.

2 Le général Gambiez ne pourra jamais évoquer sa surprise devant la conduite de ses soldats. Sa

tournée dans le Sud Constantinois l'avait éclairé. L'auteur de cet ouvrage ne lui avait pas caché ses

sentiments : « Nous, les jeunes, nous sommes prêts à tout pour garder l'Algérie française. »

3 Colonel Argoud, La décadence, l'imposture et la tragédie, op. cit.

4 Il était à Suez avec le 1 er R.E.P., mais a été muté, ayant refusé de faire des propositions de

citations qu'il jugeait imméritées, son régiment n'ayant pas véritablement combattu. Ce détail dépeint

l'homme.

5 Les légionnaires, par définition étrangers, subissaient jusqu'alors les contraintes du contingent.

Pendant la durée dite légale de leur engagement initial de cinq ans, ils ne percevaient que le prêt du

soldat, somme plus que modeste attribuée aux appelés. Ce n'est donc qu'au bout de dix-huit mois, en

principe, suivant les critères du temps, qu'ils recevaient une solde régulière. Procédé pour le moins

bizarre vis-à-vis de mercenaires étrangers. Gardy avait réussi à faire cesser cette anomalie.

6 Georges Pompidou, accompagné du diplomate Bruno de Leusse, rencontre à Genève,

le 20 février, puis le 5 mars, Ahmed Boumendjel et Boulahrouf. Le caractère extrêmement secret des

entretiens n'interdit pas, bien au contraire, d'assurer le travail préparatoire aux négociations

officielles.

7 Un homme voit clair et le dit à ses amis. C'est le général Gracieux, patron des paras. Il est

partisan de l'Algérie française mais, honnêtement, il ne cache pas qu'à ses yeux l'aventure est vouée à

l'échec. La masse des cadres et le contingent ne s'engageront pas. Gracieux, par la suite,

démissionnera et apportera un appui fidèle aux sanctionnés de l'Algérie française. Il témoignera pour

la défense au procès Salan. On peut au passage s'étonner de cette complicité qui unit ces cadres

supérieurs de l'armée. Il ne faut pas oublier que ces hommes se connaissent parfois depuis plus de

trente ans, depuis les bancs des écoles militaires préparatoires parfois, depuis Saint-Cyr souvent,

depuis les combats de France, d'Indochine ou d'Algérie toujours. La camaraderie militaire et encore

plus para n'est pas un vain mot, entre hommes dont beaucoup se tutoient.

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