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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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veulent les soutiens des populations. Alors, pour éviter les erreurs, on en

revient aux regroupements, aux méfaits déjà évoqués. Le bled redevient

vide et n'appartient plus qu'à ceux qui ont mission de s'entre-tuer.

*

* *

L'interception de certains chefs du F.L.N., le 22 octobre 1956, relève de

la suite logique de l'aide apportée aux Algériens révoltés contre la France

par la Tunisie et le Maroc.

Le 21 octobre, à Rabat, Mohamed V reçoit avec éclat des responsables

exilés du F.L.N. Il y a là certains chefs « historiques », membres des

« neuf » : Ahmed Ben Bella, Ait Ahmed, Mohamed Khider, tous trois

anciens responsables de la délégation extérieure, ainsi que Mohamed

Boudiaf, qui a quitté l'Algérie peu avant le 1 er novembre 1954. Le

cinquième et dernier invité, le professeur Lacheraf, est moins connu. Ces

cinq hommes – quatre surtout – sont les agents extérieurs de la rébellion. Ils

sont les porte-parole du F.L.N. Après l'audience royale, ils doivent s'envoler

pour Tunis où une conférence nord-africaine, organisée par le président

Bourguiba et le roi Mohamed V, a pour objet de débattre des destinées du

Maghreb et apporter sa caution au combat des Algériens.

Les services secrets français sont évidemment au courant des allées et

venues de l'équipe Boudiaf-Ben Bella. Ils les suivent pas à pas.

Le 22 octobre au matin, les renseignements se précisent. Les cinq

Algériens, dans le courant de la journée, feront mouvement par voie

aérienne de Rabat à Tunis. Le cabinet militaire de Robert Lacoste –

Ducournau et Branet – s'enflamme :

« Il faut cueillir ces cinq salopards ! »

En l'absence du ministre résident en tournée dans son fief politique du

Périgord, le secrétaire général Chaussade donne son accord. Le général

Lorillot, commandant en chef, fait de même, suivi d'enthousiasme par la

hiérarchie militaire. Le secrétaire d'Etat à la Défense, le socialiste Max

Lejeune, contacté, donne également son feu vert. L'opération peut se

déclencher.

Le D.C.-3 de Royal Air Maroc, qui a décollé de Rabat en fin d'aprèsmidi,

est régulièrement localisé. Après son escale aux Baléares, alors qu'il

met le cap sur Tunis, le commandant de bord, qui est Français comme

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