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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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G.H.2, le groupement d'hélicoptères n o 2 d'Aïn-Arnat, près de Sétif. Une

certaine émulation anime les trois armes. La Marine, l'armée de l'air veulent

leurs D.I.H. On verra des « bananes » frappées de l'ancre de l'aéronavale ou

de puissants Sikorski, les Mammouth, pilotés par des aviateurs 6 . Mais les

gars embarqués préfèrent voir les gens de l'armée de terre au palonnier.

Ils sont plus précis. Les aviateurs posent sur une zone, eux ils posent sur

un point. Pour être passés par là ils connaissent le prix de quelques mètres

gagnés, surtout en altitude. Par amour-propre aussi vis-à-vis de leurs

anciens camarades, peut-être prennent-ils plus de risques. Ils collent pour

arriver au plus près. Ainsi se forge une assez exceptionnelle fraternité

d'armes. D'une opération à l'autre, on se retrouve, on se reconnaît. Parfois,

la « banane » revient, une heure plus tard, chercher morts ou blessés, ceux

qu'elle avait déposés. Des pilotes s'affaissent aussi, touchés à leur poste de

pilotage. Le binôme hélicoptères-unités héliportées sera la grande

innovation et le grand vainqueur tactique de la guerre d'Algérie.

*

* *

Si les Français s'adaptent, l'A.L.N. s'efforce aussi de s'armer et de

s'équiper. L'armement est pour la rébellion le gros point noir. On se rappelle

son aspect disparate des débuts de l'insurrection. Les désertions, les prises à

l'armée française l'ont un peu amélioré mais il demeure insuffisant. L'apport

ne peut venir que de l'extérieur et c'est la tâche, critiquée, de Ben Bella et de

ses compagnons. Où et comment trouver des armes ? Il n'est que deux

solutions : ou en recevoir à titre gracieux ou en acheter. La première

formule a des limites. Tunisiens et Marocains sont, on l'a vu, les plus

compréhensifs. Les collectes de fonds du F.L.N., en France surtout – et on

découvrira par la suite comment –, permettent de recourir à la seconde. Le

F.L.N. achète des armes chez les pays amis, de l'Europe centrale

essentiellement.

La difficulté, une fois l'acquisition réalisée, réside en l'acheminement. Le

parachutage, comme celui des Alliés durant l'occupation allemande, est

quasi impossible. La couverture aérienne française veille et un parachutage

implique des liaisons que l'A.L.N. n'est pas en mesure d'assurer. L'approche

maritime est tout aussi délicate et la « Royale » patrouille le long des côtes.

Le moindre caboteur est aussitôt repéré.

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