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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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munitions de la compagnie qui gardait le poste. « Que ceux qui demain

auront tout à supporter du F.L.N. puissent au moins se défendre », pense-til.

Terrible prémonition ! Quelques mois plus tard le bachagha Boualam

écrira : « Moi qui sais que chaque soir l'oued qui coule près de ma maison

charrie de l'eau rougeoyante et que ce n'est pas dû aux reflets du soleil 9 ... »

Comme à Bab-el-Oued, la réaction militaire a brisé la tentative. Certains

groupes se replient sur la vallée du Chélif et sont interceptés. D'autres, avec

Montagnon et Holstein, s'efforcent de résister dans un pays découvert et peu

propice à la guérilla. Les musulmans des Beni-Boudouanne, pendant un

temps, les aident et les protègent, et, brutalement, basculent. Quel officier

supérieur, quel fonctionnaire français révélera un jour le marchandage

imposé à Boualam ? La sécurité, dans l'exil, pour lui et les siens contre les

commandos de l'O.A.S. 10 . Les Beni-Boudouanne lèvent les bras. Ils savent

que le F.L.N. a gagné et qu'il viendra suivant la parole même d'un harki.

Le 6 avril, une opération militaire a raison du dernier carré de Montagnon et

Holstein. A la mi-avril, les éléments restés en réserve dans l'opération

du 29 mars, groupés autour du commandant Bazin, seront anéantis par une

katiba de l'A.L.N. bien armée 11 . Il n'y aura pas de maquis français dans

l'Ouarsenis. A Alger, une fois de plus c'est la douche froide. Vaudrey, qui,

avec maladresse, avait annoncé une grande insurrection du fief de Boualam

pour remonter le moral de la population frappée par Bab-el-Oued et

le 26 mars, ne peut plus que se taire et renoncer 12 .

*

* *

L'échec de l'Ouarsenis sonne le glas des espérances et des ambitions de

l'O.A.S. Elle sait qu'elle ne peut plus gagner ou même tenir un rôle

essentiel. Au mieux, elle peut essayer de représenter une force à prendre en

considération. Pis encore pour elle, en moins d'un mois elle perd ses têtes.

Elle se retrouve brutalement décapitée avec toutes les conséquences. Non

seulement elle se dépouille de son auréole d'invulnérabilité, mais encore,

privée de son encadrement, elle éclate en fractions où plus d'un entend

mener sa guerre à sa guise.

L'Oranie est frappée la première. Le 24 mars, le lieutenant de vaisseau

Guillaume est intercepté par un barrage routier à Tlemcen. Le général

Jouhaud et son adjoint, le commandant Camelin, sont arrêtés, par

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