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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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nécessité dans la vie quotidienne. Comment véritablement s'en passer ?

Alors, cette masse hésite et attend que le sort des armes désigne le

vainqueur. Très vraisemblablement, elle préfère le drapeau vert et blanc

qu'elle commence à découvrir, drapeau synonyme pour elle de dignité et de

révolution sociale, mais elle n'ose vraiment s'engager. Elle subit et supporte

les pressions : exactions du F.L.N., rigueurs de l'armée française. Lorsque

les hommes du Front sont présents et les plus forts, elle les suit. Si les

troupes françaises s'imposent elle s'engage et les renseigne. Le grand

mouvement pendulaire de la Casbah, F.L.N. d'abord, française ensuite, puis

enfin F.L.N. devant l'évolution de la guerre, illustre cette alternance.

Ainsi, la guerre d'Algérie, guerre de la conquête des cœurs, se gagne

d'abord les armes à la main. Et la France n'a pas encore, fin 1957, partie

gagnée.

1 En juin 1956 trois bâtiments de la Royale amenèrent à pied d'œuvre un millier de paras.

Débarquement vers 2 heures du matin au sud-ouest du camp Bougaroun, tous feux éteints, moteurs

réduits. Progression silencieuse des petites colonnes de fantassins. Et puis, soudain, dans la nuit

odorante, un fracas porté par la brise de mer : le clairon du Bouvet sonnait l'appareillage. Ce fut le

tollé bien connu des chiens kabyles.

2 Les termes ratisser, ratissage, accompagnés souvent de l'expression « au peigne fin », seront des

maîtres mots du vocabulaire militaire de la guerre d'Algérie. Formule plus facile à ordonner qu'à

réaliser. S'aligner pour fouiller et drainer, telles les dents d'un râteau, est souvent plus une vue de

l'esprit qu'une possibilité réelle dans un terrain coupé, boisé, accidenté à souhait, aux dénivelées

parfois impressionnantes.

3 On peut aussi avancer avec certains auteurs que la grande pulsion climatique des VII e et VIII e

siècles a largement fait progresser la zone désertique, qui, comme on le sait, gagne d'est en ouest et

du sud au nord. Ce phénomène a accentué les migrations de populations et le recul des terres arables.

Il est bien connu que le Sahara était jadis une contrée humide. Peut-on à ce sujet rappeler qu'un

crocodile, vestige des sauriens des grands fleuves sahariens, fut tué par un officier français en

1924 dans un oued du Sud algérois ?

4 A la jumelle, les troupes françaises pourront voir les rescapés des deux katibas être récupérés par

les camions de l'armée tunisienne qui les attendaient en limite de frontière pour les ramener sur

Redeyef. Cinquante-sept moudjahidine tués, quatre prisonniers.

5 Au plan historique, le premier et véritable initiateur du barrage est le général Pedron,

commandant du corps d'armée d'Oran.

6 Plus d'un moudjahid y laissera la vie, victime d'une fausse manœuvre et foudroyé par les milliers

de volts circulant dans le réseau.

7 Le bouclage est en général assuré par les unités de secteur qui ont mission de cloisonner sur des

axes déjà repérés et de circulation rapide : routes, pistes, lisières de forêt, crêtes, etc.

8 Le barrage, côté tunisien, quitte la côte un peu à l'est de Bône. Il délaisse une zone marécageuse,

puis pique sur Morris, Randon et Mondovi, couvrant ainsi la plaine bônoise. Il s'enfonce dans la

vallée de la Sybouse jusqu'à Duvivier, puis, longeant la voie ferrée avec la grande boucle de

Laverdure, se hisse jusqu'à Souk-Ahras. De là, il descend plein sud sur Tébessa par Clairefontaine et

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