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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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maire de la commune et représentant du pouvoir central pour

l'administration de la circonscription, la surveillance et la tutelle des

indigènes. Son métier, il le vit avec foi, voire avec passion. Il a autour de lui

tout un petit monde : un ou deux administrateurs adjoints, européens

évidemment, un secrétaire et un secrétaire adjoint souvent musulman, un

architecte de voirie aussi européen et puis son personnel musulman :

cavaliers de commune mixte (8 en principe), khodja, c'est-à-dire interprète

et puis personnel auxiliaire.

Dans son orbite fonctionnent sous la hiérarchie de leurs ministères de

rattachement : justice de paix, gendarmerie, ponts et chaussées, postes, eaux

et forêts, etc., écoles (mixtes ou indigènes).

Dans la pyramide qu'il coiffe s'insèrent les caïds. Ah, messieurs les

caïds ! Que ne dit-on sur leur compte ! Les uns les voient serviles, les autres

véreux 14 . Comme en tout il n'est de vérité absolue et le registre est

largement ouvert. Certains caïds, c'est vrai, font « suer le burnous », d'autres

ne sont que des « béni-oui-oui » à la botte de M. l'administrateur, du

« Hakem » celui qui commande, d'autres s'efforcent d'être d'honnêtes et

loyaux serviteurs de la France, heureux et fiers de leur position. Plus d'un

du reste le paiera de sa vie. Qui sont-ils donc et à quoi servent-ils ces caïds

si voyants et si discutés ?

Le caïd, évidence qu'il faut peut-être préciser, est tout d'abord un

indigène et ensuite un fonctionnaire nommé et rémunéré par le

gouvernement général. Les fils de « grande tente », c'est-à-dire de

l'ancienne noblesse algérienne, ne sont plus qu'une infime minorité, environ

un dixième. Pour l'essentiel, les caïds se sont signalés par leurs services

rendus – militaires ou civils – ou leur fidélité. Leur nomination, qui est une

promotion sociale, se veut une récompense. Le caïd, sous l'administrateur, a

charge du douar qui lui est confié 15 . Il y perçoit l'impôt, rédige les actes

d'état civil, veille d'une façon générale à la sécurité en rapportant à son chef

tous les renseignements sur la vie du douar. On reprochera ainsi à certains

caïds – et sans doute à juste raison – de n'avoir point prévenu de ce qui se

tramait avant le 1 er novembre 1954. Le caïd a lui aussi un garde champêtre,

un khodja et puis des chefs de fractions qu'en pays berbère on appelle selon

les régions des ouakafs, des amines, des cheiks el Ferka.

Enfin les communes mixtes ont leur djemaa, ces assemblées de douar,

élues depuis les lois Clemenceau. Elles n'ont guère de pouvoirs, du moins

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