30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

sera le silence. La latinité aura disparu. Des ruines, parfois grandioses,

quelques mots dans le vocabulaire seront les seuls vestiges d'une époque et

d'une civilisation.

Désormais, l'Algérie vit à l'ombre de l'islam et des envahisseurs venus de

l'Orient. L'opposition berbère, du fond des cœurs, s'exprimera dans le

courant religieux dit kharedjite et cela, pendant près de deux siècles. Cette

interprétation de l'islam prévoit un accès égal pour tous à la succession de

Mahomet. Ecartant toute notion de race ou de famille, il ne pouvait que

trouver un écho favorable dans une masse non arabe et par là même

officiellement écartée du pouvoir.

Si la sujétion est plus que jamais la marque de l'Algérie, les siècles à

venir, que certains qualifieront d'obscurs, ne sont pas sans bouleversements.

Il est certes difficile d'y découvrir un fil conducteur hormis peut-être cette

primauté constante de l'islam et les velléités berbères pour réapparaître. Une

nouvelle invasion arabe reposera les données ethniques et économiques du

pays.

Les Omeyyades, dans la ligne stricte du Prophète, tiennent le Maghreb

d'une main ferme. Leur administration régit sans concession le pays

conquis. A partir de 750, leurs successeurs, les Abbassides, musulmans

mais non arabes, introduisent une relative émancipation qui permet à de

petits Etats plus ou moins sous leur tutelle de voir le jour : royaume de

Tiaret, en Ouarsenis, royaume des Aghlabides en Ifrikia. Le particularisme

berbère peut, même sous couvert arabe, s'exprimer, le schisme kharedjite y

trouvant là épanouissement.

Au début du X e siècle, un descendant ou supposé tel de Mahomet,

s'appuyant sur une tribu berbère de Petite Kabylie, les Kotamas, crée une

nouvelle dynastie : les Fatimides. Très vite, celle-ci domine Algérie et

Tunisie. Au milieu du XI e siècle, ces Fatimides prennent une route inverse

des envahisseurs arabes. Ils marchent vers l'Orient et s'implantent en

Egypte, régentant de loin leur patrie d'origine.

C'est alors que, pour sanctionner l'insoumission des peuples qu'ils ont

quittés pour les bords du Nil, ils déclenchent une invasion lourde de

conséquences. A leur instigation, bédouins des Beni-Hillal dans un premier

temps, puis des Beni-Solaini par la suite, partent à nouveau à la conquête du

Maghreb.

Telle une nuée de sauterelles, écrira Ibn Khaldun, ils dévastent tout.

Kairouan perd sa grandeur. Les cités sont dévastées. La campagne surtout

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!