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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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sacrifice de l'un de ses fidèles, Ali Djouadi, qui lui fait un bouclier de son

corps.

Un membre du bureau politique du M.N.A., Ahmed Nesba, rallié par la

suite au F.L.N., aura ces mots quelques jours avant d'être abattu par ses

anciens amis :

« Ce qui m'arrive est terrible. J'ai passé toute la guerre à lutter contre des

Algériens. »

Exemple non isolé et sort de plus d'un immigré tiraillé entre deux

fractions. Finalement le F.L.N., vainqueur sur le terrain en Algérie, seul

interlocuteur sur la scène internationale, l'emportera aussi en métropole. Le

carré des messalistes se réduira, le gros des troupes se ralliant à celui dont la

victoire paraît acquise.

En Algérie, l'enjeu n'est plus la mainmise sur les ouvriers immigrés et le

potentiel de prélèvement financier qu'ils représentent. Il est à l'échelle du

pays. Qui dominera la population algérienne et aura la prééminence

militaire sur le terrain ? Le M.N.A. tient le Sud, l'Oranie, Alger, plus ou

moins la Kabylie, Bouira, la vallée de la Soummam. Il est solide également

dans un triangle Bône – Tébessa – Constantine. Le F.L.N. en général est

bien implanté dans le Constantinois et plus dans le bled que dans les villes.

On sort très vite du domaine du règlement de comptes et de l'attentat

individuel. C'est la guerre ouverte entre bandes rebelles qui se sont peu à

peu organisées car, en 1955, le M.N.A. a mis sur pied, lui aussi, une

structure militaire. En février-mars 1956, la bataille fait rage en Kabylie.

Des accrochages ont lieu à Bouira, Dra-El-Mizan, aux Ouadhia, à Seddouk,

dans le Guergour, à Aïn-Bessem, à Menerville. L'armée française laisse ses

adversaires s'entre-tuer, attendant le vainqueur pour lui porter des coups.

En octobre 1956, les combats reprennent de la vigueur. Le M.N.A. est

secoué mais ses forces demeurent intactes dans le Sud Oranais et au Djebel

Amour, dans la partie saharienne de l'Algérie. C'est là, au sud, que ses

forces trouveront refuge.

Une tuerie donne une nouvelle impulsion à la lutte. Le 28 mai 1957, la

population du douar Melouza, dans la partie occidentale du Hodna,

hommes, femmes, enfants, soit environ 300 personnes, est sauvagement

massacrée. Il y a plus de 150 blessés. Des rescapés perdent la raison devant

l'horreur qu'ils ont vécue. Le F.L.N. accuse l'armée française. Celle-ci,

preuves à l'appui, dénonce le crime de l'A.L.N. contre une population

déclarée francophile. En fait, il s'agit d'une opération du F.L.N. contre un

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