30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Celle-Saint-Cloud en novembre 1955, présageant l'émancipation de l'empire

marocain, Mohamed ben Youssef est rentré à Rabat où un accueil triomphal

a été réservé au monarque qui symbolise l'indépendance du pays.

C'est à un autre de ses amis politiques que Guy Mollet confie le

secrétariat d'Etat aux Affaires marocaines et tunisiennes. Alain Savary est

acquis aux revendications des deux protectorats. Déjà, à Saigon, il avait

œuvré dans ce sens, ce qui lui avait valu quelques ennuis avec les autorités

judiciaires pour collusion avec l'adversaire vietminh. Le stade d'autonomie

interne où sont arrivés les deux pays est très vite dépassé. Le 8 mars, le

Maroc accède à l'indépendance et la Tunisie le 20 mars. Les hommes forts

s'imposent. Mohamed ben Youssef, devenu Mohamed V, chef historique et

naturel du nationalisme marocain, prend en main les destinées de son pays.

Habib Bourguiba, promu Premier ministre, évince le bey, proclame la

République tunisienne et se fait élire président.

Marocains et Tunisiens deviennent ainsi maîtres chez eux et peuvent

apporter à leurs frères algériens l'aide espérée et indispensable.

Les deux pays, en quelques mois, deviennent les bases arrière de la

rébellion algérienne. A l'ouest de la Moulouya et à l'est de la Medjerda, les

camps algériens se transforment en centres de repos, d'instruction et de

ravitaillement. Une partie de l'armement, que la France expédie aux armées

nationales tunisienne et marocaine, en voie de constitution, s'échappe

directement vers l'A.L.N. Le commandement français estime qu'à l'été

de 1956, 250 à 300 armes passent mensuellement la frontière marocaine

pour aller renforcer les maquis oranais.

Militairement, la rébellion ne tient et ne grandit que grâce à cette aide

extérieure. A défaut, et les faits le démontreront par la suite avec les

barrages frontaliers, les combattants de l'intérieur sont condamnés. L'effort

militaire et politique du gouvernement Guy Mollet est ainsi en large partie

sabordé par la hâte apportée à résoudre sans contrepartie les cas tunisien et

marocain. Alain Savary cisaille ce que son ami Robert Lacoste assemble

péniblement. La cohésion gouvernementale se ressent de ces nouvelles

frontières de Chine que sont devenus, pour l'Algérie, la Tunisie et le Maroc.

Il y aura des hauts et des bas au hasard des politiques intérieures des deux

pays mais la menace persistera et contribuera largement à la victoire finale

du F.L.N. Sans ses bataillons formés et instruits dans les sanctuaires

tunisiens et marocains, l'A.L.N., dès 1960 n'existait plus. Avant d'en arriver

là, les batailles des frontières, les incidents de Sakiet, l'A.L.N. toujours

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!