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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Le 13 mai éclate dans un ciel orageux : vide gouvernemental à Paris,

crainte des lendemains en Algérie. Une manifestation bien orchestrée et

aussi bien préparée rend une foule d'émeutiers européens maîtresse du

gouvernement général. Les pouvoirs locaux, armée ou administration, sont

dépassés. Deux hommes rendent possible la suite de l'action : Trinquier, le

para qui assure la couverture militaire, et Delbecque, le civil qui ramène les

filets vers la rive gaulliste. Salan, Massu, suivent et acquiescent.

De Gaulle saisit l'opportunité. Par des petits communiqués d'une rare

habileté, il apparaît comme le seul homme capable de calmer l'insurrection

algéroise et de redresser les destinées du pays. Jonglant avec la menace

d'une intervention en force des parachutistes d'Algérie, il impose aux

hommes politiques, courbés sous le fardeau, son investiture officielle

comme chef du gouvernement. Dès lors, il redevient le patron et tout plie

devant lui. Les uns l'acclament comme le sauveur de l'Algérie française, les

autres comme le tenant de la légalité républicaine.

Le 13 mai a été par trop étudié et analysé pour qu'il soit question, dans un

travail de synthèse comme celui-ci, de l'approfondir longuement. Cette

réserve n'enlève rien à son caractère de « grand moment » de la guerre

d'Algérie 1 .

*

* *

Depuis le début de 1958, une bonne partie de la France complote.

Dignitaires du régime, politiciens, militants souvent de haut rang, anciens

combattants, activistes de tous poils, patriotes ou non, nouent leurs

intrigues. Victime désignée de cette subversion : la IV e République

discréditée. Objectif avoué et proclamé de la plupart des conspirateurs :

maintenir l'Algérie française. Moyen choisi par la majorité d'entre eux :

l'appel à de Gaulle.

Qui ne complote pas contre l'infortunée IV e ? L'exemple vient de très

haut. A l'Elysée, le chef du cabinet militaire de René Coty, le général

Ganeval, avec l'accord du président, prend des contacts avec le colonel de

Bonneval, aide de camp de De Gaulle. Des ministres en exercice, comme

Chaban-Delmas, préparent ouvertement d'autres lendemains. On a vu

l'antenne de la Défense nationale œuvrer sur Alger. Les parlementaires

républicains sociaux, sous la houlette de Jacques Soustelle, ne cachent pas

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