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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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qui refuse de montrer son visage aux passants. C'est un autre monde, une

autre civilisation. « Ils sont comme ça ! »

La rancœur, l'envie, la colère des Algériens s'expliquent. Elles donneront

des bras à la rébellion. Les chefs de celle-ci sont des nationalistes. Ils savent

où ils veulent déboucher. Leurs troupes, au départ, ne sont que des révoltés

de l'injustice, du chômage, de la misère.

1 On arrive ainsi en 1947, dans le 1 er collège, à 464 000 électeurs européens et 58 000 musulmans,

dans le 2 e collège, à 1 300 000 électeurs musulmans.

2 Le statut civil musulman n'est pas altéré.

3 Ses effectifs s'élèvent de 10 000 à 12 000 militants.

4 C'est l'époque de la construction de ces grands ensembles qui ont nom : « Climat de France »,

« Diar el-Mahcoul », « Diar el-Saada », etc. Une tentative d'habitat mixte européen-musulman est

développée, dont le succès n'a pas répondu entièrement aux espérances.

5 Le fameux hold-up de la poste d'Oran en 1949 est monté sur ordre de la direction du M.T.L.D.

pour récupérer des fonds. Le parti et l'O.S. manquent d'argent. Si Ait Ahmed et Ben Bella en sont les

deux organisateurs, ils n'y participent pas personnellement. L'affaire menée par quatre hommes ne

permettra de saisir qu'un butin de trois millions de francs, l'alerte ayant été donnée prématurément.

6 Un fusil de guerre s'achète alors dans les 5 000 francs.

7 Deux exceptions notoires toutefois : Krim Belkacem, Omar Ouamrane. Sans doute trop suspects

parce que Kabyles.

8 N'est-il pas prémonitoire, Aït Ahmed, évoquant dix ans à l'avance la mise en place des S.A.S. :

« Dans le meilleur des cas, réussirions-nous aujourd'hui à liquider tous les auxiliaires indigènes des

autorités coloniales, à terroriser nos adversaires politiques, nous ne ferions que précipiter l'épreuve

avec l'armée française. A la tête de chaque douar elle enverrait un officier. Nous revoilà au temps des

“Bureaux arabes” ». (Décembre 1948. Rapport au Comité central du M.T.L.D.)

9 Cet exode rural contribue un peu plus à éloigner les Européens des réalités des fellahs. Citadins,

ils ignorent l'arrière-pays. Combien d'Algérois ou d'Oranais n'ont pas dépassé les plages de la

Madrague ou la colline de Santa Cruz. Le grand voyage, pour ceux qui l'entreprennent, est en

direction de la métropole. La colonisation est trop récente pour avoir enfoui des racines dans un

terroir régional. Il n'est point de souche analogue à celle du Parisien qui le ramène régulièrement

respirer l'air du pays sur une côte bretonne ou un volcan d'Auvergne. Bien rares sont ces Européens

des villes qui ont de la « famille » à visiter dans l'intérieur. Il faut dire aussi que l'automobile n'a pas

encore trouvé sa grande démocratisation et que le rail, s'il relie les cités du littoral, s'enfonce bien peu

dans un pays où de surcroît les ressources hôtelières sont modestes.

Pour bien des Européens cette coupure engendre des œillères. Ils voient l'Algérie au travers de la

rue Michelet ou de la rue d'Arzew. Ils perçoivent mal la misère d'une terre d'où la vie française est

bien souvent absente. Vision tronquée qui conduira à bien des erreurs d'interprétation ou de

jugement.

Ils penseront résoudre tous leurs problèmes à Alger dans l'euphorie de la volte-face de Guy Mollet

ou de la prise du gouvernement général le 13 mai. Dans ce dernier cas, ils oublient que l'armée a

permis le succès. Ils ne conçoivent pas que l'origine du mal et son remède éventuel sont à rechercher

dans le bled. Le gigantesque horizon de celui-ci leur échappe.

Au début de 1962, lors d'une réunion à un niveau élevé, un des principaux chefs de l'O.A.S.

affirmera sans rire à Alger : « A l'est, nous sommes tranquilles, le maquis Bonaparte nous tient la

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