30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

conflit sous le signe de l'horreur et engendré l'irréversible. La cruauté

révolutionnaire va payer en éliminant les possibilités de vie communautaire.

Le 20 août accentue la peur des Européens, une peur réelle car les esprits,

qui avaient en mémoire mai 1945, ont maintenant devant les yeux les

scènes de Philippeville. Cette peur renforce leur intransigeance et leurs

réflexes de défense. Philippeville peut se renouveler partout si l'on n'y prend

garde. La population musulmane apparaît pour beaucoup comme le flot

haineux et sanguinaire des mines d'El-Halia.

Pour les musulmans, l'armée, la police, la présence française prennent le

visage de la répression aveugle. La crainte aussi et plus encore la haine se

développent dans les cœurs. Elles vont drainer des bras vers les maquis et

lever des résistants dans les villes.

Chaque bloc, donc, se resserre dans son opposition à l'autre. Les libéraux,

les modérés perdent de leur audience. Il faut se ranger dans un camp ou

dans l'autre. Jacques Soustelle, quant à lui, est revenu marqué par les

horreurs qu'il a découvertes à Philippeville lors d'une brève visite au

lendemain de l'émeute. Lui qui n'écartait pas, bien au contraire, la voie

d'une négociation avec les rebelles armés, s'en écarte. On ne traite pas avec

des massacreurs de femmes et d'enfants. La solution doit être recherchée

ailleurs et, quoi qu'il en soit, la défense des Français s'avère une priorité.

Après le 20 août, le mandat de Jacques Soustelle change de visage.

Profondément bouleversé sur le plan humain, le gouverneur général se

rapproche des tenants de l'Algérie française.

Certes, ce climat en septembre-octobre est encore celui de l'Est algérien

essentiellement. Il grandit vite et s'étale. La notion d'attentat, de représailles,

monte jusqu'à l'Algérois et l'Oranie. Il faut aussi souligner, au passage, que

la fin de 1955 correspond à la période d'accession à l'indépendance du

Maroc et de la Tunisie. Ces deux pays retrouvent leur liberté d'action. Les

troupes françaises, progressivement, quittent leurs territoires ou n'ont plus le

pouvoir d'intervenir dans les affaires intérieures de ces deux pays. Le F.L.N.

commence donc à bénéficier de la complicité qui en résulte. Il peut recruter,

équiper, organiser. L'Oranie, jusqu'alors si calme, est agitée par des

éléments qui ont pris corps au-delà de la frontière. Pour le Constantinois, le

phénomène ne peut que s'amplifier par rapport à ce qu'il était.

Il est un autre point capital. Politiquement, la révolte algérienne s'est fait

connaître en métropole et dans le monde. Ce qui ne relevait que du maintien

de l'ordre ou du grand banditisme prend sa vraie dimension. Il s'agit d'un

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!