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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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délégué général, au général Challe, commandant en chef, aux forces qui

sont sous leurs ordres, pour servir la France et l'Etat, à la population

algérienne si chère et si éprouvée. Quant à moi, je ferai mon devoir. »

Ces mots portent. Des mensonges, des calomnies, n'est-ce pas la preuve

que ceux qui se sont insurgés parce qu'ils croient que de Gaulle va

abandonner l'Algérie sont dans l'erreur ? De Gaulle, une fois de plus, a su

trouver les termes pour rallier les adhésions.

Poussant cet avantage, Challe écarte d'Alger le 1 er R.C.P. et le 3 e

R.P.I.M.A., ne gardant que le 1 er R.E.P. à cause de Dufour, qui mène

inlassablement des négociations avec les chefs insurgés pour obtenir une

solution honorable. Il les relève par deux régiments de la 25 e D.P. Tout de

suite les rapports changent. Les paras du Constantinois, vieux baroudeurs

des djebels et peu marqués par les pressions citadines, même s'ils sont pour

l'Algérie française, n'approuvent pas les barricades, bien au contraire.

Le lieutenant-colonel Bréchignac, qui commande le 9 e R.C.P., le

régiment de Buchoud et du barrage, est sévère :

« On faisait la guerre et vous nous empêchez de la faire ! » déclare-t-il

sans ménagement aux officiers de l'U.T.B. qui se sont barricadés avec

Lagaillarde dans les Facultés 8 .

Le 28 janvier, pour plus de sécurité encore, Delouvrier, qui craint de se

trouver otage dans la ville, décide de quitter Alger. Il part pour la base

aérienne de la Réghaia et entraîne Challe avec lui. Se prépare-t-il, comme

Thiers en 1871, à déserter la cité insurgée pour mieux la reconquérir

ensuite ? A défaut d'une intention formelle, il se laisse aller à un discours

sur un ton épique et sentimental qui n'apporte rien à l'affaire et découvre son

désarroi. Ses propos larmoyants lui seront par la suite largement reprochés

par les uns pour avoir craqué, par les autres pour n'avoir pas donné suite à

ses beaux sentiments.

La fin de la semaine n'apporte rien de plus aux compagnons d'Ortiz et

Lagaillarde, bien au contraire. Leurs rangs se clarifient. Le découragement

gagne. Dès le départ, Challe a prouvé qu'il ne serait pas un nouveau Salan

au 13 mai. L'armée n'interviendra pas, peut-être même liquidera-t-elle par la

force ces bastions activistes. Le mauvais temps s'en mêle avec une pluie

froide qui finit de briser les énergies.

De Gaulle sent que sa fermeté paye, car il n'a cédé sur rien, et que

l'événement bascule en sa faveur. Durant cette semaine où son entourage

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