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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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mobiles ont tiré sans sommation sachant à qui ils avaient affaire. L'O.A.S.

commence à perdre des chefs qu'elle ne pourra remplacer.

Les tentatives du maquis échouent. L'armée disperse des essais

d'implantation dans la région de Cherchell et de Bône. Cela est grave pour

l'Organisation, qui se heurte ainsi à un adversaire contre lequel elle répugne

à engager un combat fratricide. Les espoirs fondés sur des désertions

massives du 5 e tirailleurs, d'éléments de légion, de harka, s'effondrent. De

plus en plus, l'armée, premier espoir de l'O.A.S., renâcle et se refuse.

Ce grand corps, qui ne vivait que pour l'Algérie française, n'est plus que

l'ombre de lui-même en ces mois de février-mars 1962. Mutations,

sanctions l'ont saigné. Il n'a plus d'âme. Il sait la partie perdue. Il commence

à plier bagage. Les postes les plus éloignés se replient. Les garnisons se

regroupent. Les officiers se taisent et obéissent. Certains, peu nombreux,

rallient l'O.A.S. On en comptera moins d'une centaine. C'est du moins

significatif de la crise qui secoue les consciences. Quatre lieutenants de

tirailleurs dans le Constantinois, quatre jeunes sous-lieutenants de l'E.A.I.

de Saint-Maixent, un sous-lieutenant musulman à Médéa, d'autres encore à

Tizi-Ouzou ou Sidi-Bel-Abbès ne peuvent entraîner une masse qui dit non,

même si, dans plus d'un cas, elle apporte d'une manière ou d'une autre une

contribution à l'O.A.S. Les obus de mortier que l'O.A.S. tire à Alger

proviennent d'un lot fourni par des commandants de compagnie et chefs de

section du 5 e tirailleurs. Un exemple parmi de nombreux autres similaires.

La complicité la plus active, c'est encore auprès des chefs de S.A.S. que

l'Organisation la rencontre. Au contact des réalités humaines plus que toute

autre, les responsables de S.A.S. n'ignorent pas le génocide qui se prépare

avec le départ de la France au terme de près de huit ans de guerre civile. La

rage au cœur, ils démontent leurs bordjs et n'hésitent pas à se confier à ceux

dont ils espèrent un peu d'aide.

Une autre frange de l'armée, très minoritaire mais appuyée par le

commandement, se lance dans la répression souvent sous le couvert de la

sécurité militaire. La délation règne. Des méthodes plus brutales sont

employées le cas échéant. Dans cette aventure, quelques-uns y laissent leur

vie, comme le lieutenant-colonel Rancon ou le commandant Bourgogne,

assassinés à Oran ou Alger. Si cette action répressive n'a qu'une efficacité

limitée, en revanche l'obéissance du gros de l'armée derrière Ailleret ou

Katz 8 fera perdre leurs dernières chances aux tenants de l'Algérie française.

On s'en rendra compte dès la mi-mars.

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