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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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De Gaulle reparti vers Paris, les tenants de l'intégration peuvent en

principe s'estimer satisfaits. L'intégration est le slogan de rigueur. Elle

reprend une idée de Jacques Soustelle, mais une idée que chacun voit à sa

manière. Pour les cadres de l'armée, l'intégration, c'est celle des musulmans

devenant des Français à part entière comme l'a clamé de Gaulle. Si les

Algériens sont français l'Algérie par conséquent ne peut être que française.

Pour les Européens, cette intégration est la fusion globale de l'Algérie à la

France amarrant ainsi à jamais la province d'Algérie, leur terre, à la mèrepatrie.

Que de visions divergentes sur cette intégration dont de Gaulle n'a

jamais prononcé le mot ! Il a surtout parlé d'égalité, de justice sociale. Le

collège unique, jadis si redouté, a été acclamé. Les femmes, même les

femmes, auront le droit de vote pour les futures consultations annoncées. En

ces mois de mai et de juin 1958, l'Algérie, décidément, connaît des

mutations inconcevables quelques années auparavant.

Les semaines qui suivent sont de la même veine. Le 9 juin, Salan,

confirmé dans toutes ses fonctions, est nommé délégué du gouvernement.

Proconsul civil et militaire, il ne relève pratiquement plus que de De Gaulle.

Des mesures, parfois plus symboliques qu'importantes, sont annoncées pour

resserrer les liens entre Algérie et métropole : timbres identiques,

intégration des C.F.A. – les chemins de fer en Algérie – à la S.N.C.F., parité

des billets de banque. Le 14 juillet, Salan présent, le grand défilé

républicain regroupe, sur les Champs-Elysées, des détachements des unités

opérationnelles, des anciens combattants musulmans et des jeunes

Algériens.

Plus que jamais, suivant les affiches du moment, il ne paraît exister

qu'une seule France de Dunkerque à Tamanrasset 1 .

*

* *

A Tunis, le C.C.E. est inquiet. La destinée, jusqu'alors si favorable,

change de cap. Le printemps de 1958 a été lourd d'échecs et de désillusions.

L'A.L.N. termine la bataille du barrage sérieusement éprouvée. Comment

ravitailler la résistance intérieure ? Le moral se ressent des hécatombes de

Guelma ou de Souk-Ahras. Pour ordonner les structures un peu anarchiques

des bases de l'extérieur, en avril a été créé un Comité d'organisation

militaire, le C.O.M., lui-même subdivisé en C.O.M. Est en Tunisie et

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