30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

s'est énervé et affolé, il a gardé un calme olympien. Le 29 janvier au soir, en

tenue de général de brigade, il apparaît sur les écrans et réaffirme ses

positions :

« Les Algériens auront le libre choix de leur destin.

L'autodétermination est le seul moyen grâce auquel les musulmans

pourront exorciser eux-mêmes le démon de la sécession. Quant aux

modalités de telle ou telle solution française, j'entends qu'elles soient

élaborées à loisir, la paix revenue...

» Français d'Algérie, comment pouvez-vous écouter les menteurs et

les conspirateurs qui vous disent qu'en accordant le libre choix aux

Algériens la France et de Gaulle veulent vous abandonner à la

rébellion ? Est-ce donc vous abandonner, est-ce vouloir perdre l'Algérie

que d'y envoyer et d'y maintenir une armée de cinq cent mille hommes ?

» Comment pouvez-vous douter que si les musulmans décident

librement et formellement que l'Algérie de demain doit être unie plus

étroitement à la France, rien ne causerait plus de joie à la patrie et à de

Gaulle que de les voir choisir, entre telle et telle solution, celle qui serait

la plus française ?

» Enfin, je m'adresse à la France. Eh bien, mon cher et vieux pays,

nous voici donc ensemble, encore une fois, face à une terrible épreuve.

En vertu du mandat que le peuple m'a donné et de la légitimité que

j'incarne depuis vingt ans, je demande à tous et à toutes de me soutenir

quoi qu'il arrive. »

Les critiques sont unanimes. De Gaulle a fourni ce soir-là l'une de ses

meilleures prestations. Par sa présence, son autorité, le poids de ses

engagements, il désarme les ultimes velléités des insurgés. Deux ans plus

tard, exilés, chassés de leur terre natale avec l'ensemble de leurs

compatriotes, ils pourront rappeler ses propos au chef de l'Etat : « La France

et de Gaulle veulent vous abandonner à la rébellion ? » Le pays et l'armée

figée, l'arme au pied, sur son ordre les ont abandonnés sans défense à la

rébellion. Dans l'immédiat, il ne leur reste plus qu'à se dégager du piège où

ils se sont enfermés.

Dufour sera l'homme des dernières tractations. Son prestige lui ouvre

chaque jour le camp de Lagaillarde. Le jeune député décide de se rendre et

Dufour lui ménage une sortie honorable. Le lundi 1 er février, à 11 h 50,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!