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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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de « démontage » après trois jours de ratissage. Son rouleau compresseur

traite une zone non seulement en surface, mais plus encore dans le temps.

Le terrain n'appartient plus à l'A.L.N., qui resurgissait une fois éloignés les

feux arrière des G.M.C. Les compagnies s'installent pour durer. Oh ! la

méthode n'est pas confortable, surtout aux approches de l'hiver. Les

bivouacs s'installent pour des semaines, voire des mois, dans des maisons

forestières à moitié ruinées, dans des mechtas détruites, sous la tente le plus

souvent. Désormais, les crêtes, les pistes, les talwegs grouillent de troupes

de jour comme de nuit. Pour vivre, l'A.L.N. est obligée de sortir, de se

déplacer. Les guetteurs la repèrent, les embuscades la déciment, les coups

de main héliportés la traquent. Tout renseignement est immédiatement

exploité car les moyens sont en place en plein cœur du djebel. L'écoute

radio est permanente. La nasse se referme instantanément sur tout objectif

signalé. De tous les côtés c'est la curée. On verra très vite les résultats d'une

telle occupation permanente du terrain et de l'effort soutenu.

Côté algérien, début 1959, la situation est encore bonne mais la résistance

intérieure a atteint le haut de sa courbe. Depuis l'été 1958 elle commence à

décliner. Conséquence inéluctable des grands phénomènes déjà évoqués :

échec sur le barrage, choc politique provoqué par la victoire apparente de

l'Algérie française au 13 mai 1958.

Si l'O.P.A., l'Organisation politico-administrative, est en place à peu près

partout avec ses responsables politiques et ses collecteurs de fonds,

l'implantation militaire est très inégale. Comme toute guérilla, elle reste

évidemment très largement tributaire du terrain. Massifs montagneux,

couverts lui assurent des bases solides. Aurès, Kabylie, Ouarsenis sont donc

des zones de prédilection et plus encore la fameuse wilaya II, cette Petite-

Kabylie qui recouvre le Nord Constantinois. Là, dans les forêts de chêneslièges,

dans un pays souvent escarpé aux dénivelées impressionnantes,

l'A.L.N. a pu s'organiser. L'armée française tient les villages et ne s'aventure

qu'en convois sur les routes. En revanche, passé le Tell et hors des refuges

montagneux comme le massif du Hodna, les bandes nombreuses ne

sauraient subsister. Les djoundi se diluent dans la population ou errent de

cache en cache.

Les très grosses unités ont disparu. Le commandement algérien a très vite

compris que la bataille rangée était perdue d'avance. Plus d'aventures du

style de la prise de Tébessa en novembre 1956. Le failek (le bataillon) est

réservé aux bases de l'est ou de l'ouest. La katiba (la compagnie) est la

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