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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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est éteinte. » Mais Bourmont a aussi apposé sa signature au bas du traité de

capitulation qui stipule :

« L'exercice de la religion mahométane restera libre. La liberté de toutes

les classes, leur religion, leur commerce et leur industrie ne recevront

aucune atteinte. »

Le chemin ainsi tracé sera poursuivi. Il sera celui des militaires et des

politiques. Les premiers, parfois dans les débuts de la conquête, vétérans

des armées napoléoniennes, ne se distinguent pas par un zèle religieux

intempestif. Ils espèrent en toute bonne foi, en respectant leurs coutumes,

mieux se rallier les indigènes musulmans. Les seconds, surtout à l'heure de

la Troisième République, verront rarement d'un bon œil toute manifestation

de cléricalisme.

Dans de telles conditions, le catholicisme ne peut que s'affirmer comme

la seule religion des nouveaux venus c'est-à-dire des colons européens. Ses

débuts sont lents et difficiles. La première église décente ne voit le jour à

Alger qu'en 1833, dans l'ancienne mosquée de la caserne des janissaires.

En 1838, Rome donne son accord à l'érection d'Alger en évêché suffragant

de l'archevêque d'Aix-en-Provence. Ce n'est que vingt-huit ans plus tard que

les diocèses d'Oran et de Constantine seront constitués à leur tour, Alger

devenant archevêché.

C'est qu'entre-temps l'Algérie a vu arriver un flot d'immigrants, beaucoup

de souche latine, à la foi vive. Ils entendent pratiquer leur culte. Quelques

mosquées sont transformées en églises (leur nombre sera très faible).

Surtout des édifices religieux s'élèvent, dominant les centres et les villages

de colonisation. Les options sont ainsi tranchées : le peuplement européen

s'affirme catholique et s'oppose sur le plan religieux à la population de

souche restée fidèle à l'islam. Celui-ci n'est-il pas, sur le fond, le refuge de

la spécificité algérienne ?

Un homme d'Eglise, à partir de 1867, s'efforce de modifier cet état de

fait. Nommé archevêque d'Alger, Mgr Lavigerie arrive, bien décidé à tout

bouleverser. Ses propos, sans nuances, ne sont pas pour plaire à une

administration qui a choisi une tout autre politique 14 :

« Il faut relever ce peuple ; il faut cesser de le parquer dans son Coran ; il

faut que la France lui donne – je me trompe : lui laisse donner –

l'Evangile. »

Mêlant le social à la prédication, Mgr Lavigerie passe aux actes. Il

s'occupe des orphelins que, bien évidemment, il baptise. Il installe ses

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