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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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La libération de la Corse en 1944 a été une des étapes préparatoires à

celle de la délivrance totale du pays. L'événement n'est pas si lointain, et

plus d'un à Alger s'en souvient pour y avoir participé. Aussi, pourquoi ne

pas recommencer ? Qui a donné l'ordre d'action ? Soustelle en aurait eu

l'idée. Massu en prépare la réalisation. On se souvient que Salan a couvert

les exécutants.

Ceux-ci sont pour la plupart tout à la fois Corses et « pieds noirs ». C'est

un bon visa. Leur force de frappe : le bataillon de choc de Calvi commandé

par le capitaine Ignace Mantei, qui, en 1944, a débarqué du Casablanca

pour libérer son île. L'affaire est rondement menée. Ajaccio crie « Vive de

Gaulle ». A Bastia, l'adjoint au maire, non sans panache, cède au plus fort.

Le « Vive de Gaulle » est général. Thomazo, de tous les coups, est intronisé

gouverneur de l'île « libérée ».

Pour le gouvernement Pflimlin, cette fois, la manœuvre est trop grosse.

Que l'Algérie soit menacée, soit ! Mais la Corse ! La cassure devient totale

même si la liaison téléphonique se poursuit. Sans ambiguïté, Alger s'est

dressé contre Paris. La colonie révoltée fait face à la métropole.

Une métropole où le pouvoir légal ne sait plus trop s'il l'est vraiment de

fait. Pflimlin, en solide Alsacien qu'il est, s'efforce de lutter mais le terrain

s'efface sous ses pas. L'Algérie, la Corse sont officiellement en dissidence,

les généraux commandant les régions militaires complotent en liaison

directe avec Alger 9 , l'administration attend, la police gronde et ne suit pas.

Les gardiens du régime, C.R.S. ou gardes mobiles, ont un jour ou l'autre

mis le pied en Algérie. Ils sont pour l'Algérie française. La police parisienne

comporte plus d'un ancien para. Elle ne cache pas ses sympathies. Enfin, le

« Vive de Gaulle » de Salan et des Algérois est largement repris par une

opinion publique habilement travaillée par les équipes gaullistes.

La fin du régime paraît de plus en plus inéluctable mais une question

revient sans cesse : comment en arriver là ? Le pouvoir s'effacera-t-il de luimême

ou faudra-t-il le chasser manu militari ?

De Gaulle le veut, ce pouvoir, mais pas dans n'importe quelles

conditions. Il désire éviter un recours qui l'assimilerait par trop à l'homme

d'un certain 2 décembre au siècle dernier. Alors il manœuvre. Dans la nuit

du 26 au 27 mai, il a, sur sa demande, un entretien secret à La Celle-Saint-

Cloud avec Pflimlin. Rien de positif ne sort du dialogue mais dès le

lendemain matin de Gaulle fait annoncer :

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