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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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qu'il écrivait jeune officier, « saisir l'événement et l'exploiter habilement ».

De nouveau le maître, il compte bien ne point lâcher ces rênes qu'il a tant

désirées et qui sont restées si longtemps loin de lui.

Sa vision personnelle, de Gaulle l'a exprimée, mais qui a lu ou

approfondi un certain passage des Mémoires de guerre ? « Or, après ce qui

s'est passé sur le sol de nos possessions africaines et asiatiques, ce serait une

gageure que de prétendre y maintenir notre Empire tel qu'il avait été. A

fortiori n'y peut-on songer quand les nationalités se dressent d'un bout à

l'autre du monde et qu'auprès d'elles la Russie et l'Amérique font assaut de

surenchères. Afin que les peuples dont nous sommes responsables restent

demain avec la France, il nous faut prendre l'initiative de transformer en

autonomie leur condition de sujets, et en association, des rapports qui,

actuellement, ne sont pour eux que dépendance 2 . »

Le canevas est tracé. Autonomie est bien proche d'indépendance. De

Gaulle a ajouté :

« Au Maghreb, pour quelque temps encore, l'affaire peut être menée dans

le calme et progressivement. »

Le Maghreb c'est le Maroc, la Tunisie mais aussi l'Algérie, une Algérie

où le bât le blesse. Il sait que sous son gouvernement, en mai 1945, la main

a été plus que rude. Il passe vite.

« En Algérie, un commencement d'insurrection, survenu dans le

Constantinois et synchronisé avec les émeutes syriennes du mois de mai, a

été étouffé par le gouverneur général Chataigneau 3 . »

Quel que soit son silence pudique sur les émeutes de Sétif et leur

répression, son idée directrice sur l'Algérie est là dans son texte des

Mémoires de guerre. Elle se retrouve bien avant le 13 mai.

Dès mars 1944, il déclare à André Philip, l'un de ses ministres qui lui

conseillait, pour l'Algérie, d'aller jusqu'à l'autonomie politique réclamée par

Ferhat Abbas : « L'autonomie, Philip ? Vous savez bien que tout cela finira

par l'indépendance 4 ! »

Après le 1 er novembre 1954, il s'est exprimé dans le même sens :

– à Guy Mollet, en février 1955 : « L'Algérie est perdue. L'Algérie sera

indépendante ! » ;

– à Jean Amrouche, en avril de la même année : « L'Algérie sera

émancipée. Ce sera long. Il y aura de la casse, beaucoup de casse. Vous

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