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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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« C'est Dien-Bien-Phu », s'exclame un légionnaire arrivé de nuit et

découvrant le paysage dans la clarté de l'aube.

Un Dien-Bien-Phu modèle réduit où les collines saillent aux abords

mêmes de la petite cité. Heureusement pour les Français que l'A.L.N. n'a ni

mortiers ni mitrailleuses lourdes. Le terrain d'aviation, le pont routier

seraient intenables.

El-Milia, avec sa cuvette, sa petite église de campagne, son café, ses

échoppes, s'est fait un nom par ce qu'il représente. El-Milia, c'est la

presqu'île de Collo. C'est le symbole de la wilaya II, l'ancien fief de Zighout

Youssef. C'est la zone que le F.L.N. affirme régenter, et il y a en partie du

vrai dans cette affirmation. Voici des centaines de kilomètres carrés où les

axes de pénétration sont rares, les clairières dispersées loin les unes des

autres, les vues bouchées. Il est des coins perdus où l'accès le meilleur est

encore celui de la mer. Ce n'est pas obligatoirement le plus discret 1 . L'eau

ne manque pas. Cette région peuplée, aujourd'hui évacuée, recèle encore du

bétail, des jardinets près des mechtas, des arbres fruitiers, des figuiers

surtout. L'A.L.N. peut donc trouver des gîtes sans histoire, invisibles à

détecter du ciel, et pourvus d'un minimum de ravitaillement. Tout

s'explique.

Circuler est dangereux. L'embuscade menace à peine sorti d'El-Milia.

Aussi a-t-on retrouvé les vieilles méthodes d'Indochine. Sur deux cents

mètres de part et d'autre des routes, on s'efforce de dégager la forêt. La

rafale venue de loin est moins précise. Des postes jalonnent les hauts. Ces

précautions n'empêchent pas les coups durs. Au printemps 1957, un convoi

de tirailleurs sénégalais est décimé entre El-Milia et Tamalous, près d'Aïn-

Kechera. Son armement saisi. Par contrecoup, les garnisons, souvent

inexpérimentées, n'osent guère s'aventurer. Deux sections du 23 e R.I.

engagées un peu plus loin, sont lourdement accrochées. Une vingtaine de

tués. Trois F.M. 24/29 perdus. Les katibas rebelles du secteur sont donc

bien armées. Elles ont pu s'organiser et tenir les douars désertés et déclarés

zones interdites. Même la légion, envoyée à la rescousse, peine. Le 3 e

R.E.I., en avril 1957, perd dans le M'chatt (une vingtaine de kilomètres à

l'ouest d'El-Milia) son commandant en second, le lieutenant-colonel de

Vaugrineuse, dans un combat difficile où seule l'intervention de la

compagnie d'élite du régiment, la 4 e portée du capitaine Jaluzot, dégage les

légionnaires encerclés.

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