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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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les massifs qui précèdent l'Aurès et les Némentchas. Après Tébessa, Souk-

Ahras et Guelma deviennent les grands noms des engagements

de 1958 dans une bataille où le barrage jouera pleinement son rôle de

sonnette d'alarme. On verra par la suite comment.

Avant même la fin des combats, il est possible d'émettre un jugement sur

cette ligne Morice, parfois un peu rapidement décriée à son origine.

L'Algérie, à partir de 1958, est désormais enserrée entre deux barrières de

protection. Y pénétrer implique de l'audace et de la chance. L'A.L.N. de

l'intérieur s'asphyxie progressivement car l'aide extérieure ne parvient plus.

Alors la courbe s'infléchit. Les djoundi des maquis algériens, faute de

renforts en armes et en munitions, sont réduits à une stricte défensive. Ils

sont laminés peu à peu et le plan Challe de 1959 portera l'estocade finale à

un adversaire replié sur lui-même.

*

* *

Ces difficultés n'empêchent pas le F.L.N. de marquer malgré tout des

points. L'affaire des officiers algériens, celle des joueurs professionnels de

football, les débats de l'O.N.U. attestent de l'audience et de la montée d'un

nationalisme que la guerre attise.

Les officiers musulmans de l'armée française, issus des départements

algériens, sont dans une situation inconfortable. Algériens de sang, ils se

savent français de culture et de métier. L'après-guerre leur a ouvert des

perspectives améliorées mais encore limitées, d'où des rancœurs souvent

légitimes. Ces hommes sont presque tous des combattants valeureux de la

Libération ou d'Extrême-Orient et la révolte du 1 er novembre 1954 les a

placés devant un dilemme difficile : dans quel camp se ranger ? Pour éviter

les crises de conscience trop aiguës, le commandement a affecté en France

ou en Allemagne nombre de ces officiers. Ils n'ont pas ainsi à se battre

contre leurs frères. Néanmoins, ils n'ignorent rien des réalités de la

pacification et, en 1957, ils s'interrogent 11 . Où est leur honneur ? Où est leur

patrie ? Pour qui doivent-ils opter, la France ou l'Algérie ?

A l'instigation de l'un d'eux, le lieutenant Abdelkader Rahmani,

cinquante-deux officiers s'adressent, dans une lettre ouverte, à René Coty,

président de la République.

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