30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

M.G.-34 allemandes côtoient les F.M.-24/29 français ou Bren anglais.

Quelques postes radio assurent des liaisons avec l'extérieur 16 . Certaines

zones de Petite-Kabylie, dans la presqu'île de Collo et les Babors, sont en

majeure partie tenues par l'A.L.N., de même que la frange nord-est de la

Grande-Kabylie. La pacification militaire est loin d'être terminée.

Celle des cœurs, c'est-à-dire le revirement des esprits vers une présence

française indiscutée marque le pas. Robert Lacoste a tenté des réformes.

L'Algérie est désormais découpée en treize départements aux dimensions

plus adaptées, en revanche, les administrateurs, disparus avec la

suppression des communes mixtes, n'ont pas été véritablement remplacés.

Robert Lacoste a perdu en eux un corps de fonctionnaires dévoués à leur

tâche et connaissant remarquablement le pays. Un corps qui avait payé un

lourd tribut 17 depuis le début de l'insurrection et d'où émerge la pure

silhouette de l'administrateur Dupuy, un saint laïc selon ses amis, tué près

de Guentis dans les Némentchas au printemps de 1955. Les nouvelles

structures administratives, logiques dans la perspective de l'évolution

escomptée de l'Algérie, manquent d'animateurs compétents. Dans les

nouvelles communes, créées à l'image de la France métropolitaine, les

musulmans, conviés à prendre en main leurs destinées locales, répugnent à

s'engager par crainte des représailles du F.L.N. et puis ils sont encore sans

les capacités nécessaires et l'efficacité indispensable.

Le grand espoir de dégager une élite, une classe dirigeante algérienne,

interlocuteur responsable, s'avère difficile à réaliser. La France continue à

porter ainsi presque seule le poids de l'administration du pays.

Sur le fond, Robert Lacoste peut être insatisfait car il marque le pas. Sa

loi-cadre, sa grande pensée pour une solution politique à un problème

politique – et social – s'est heurtée à l'incompréhension. De retard en retard,

la loi, votée seulement en février 1958, ne verra jamais d'application. Son

mécanisme est complexe car il doit concilier bien des divergences. Il

souhaite répondre aux aspirations de spécificité des Algériens tout en

préservant l'existence de la communauté européenne et la notion de

souveraineté française. L'Algérie se voit ainsi divisée en unités territoriales :

cinq en principe. A partir de là s'élisent des assemblées régionales

débouchant sur des pouvoirs locaux. L'ensemble, à plus ou moins long

terme – après deux ans au moins – doit tendre à s'intégrer à une fédération

coiffant tout le pays. La France, dans ce cadre de relative autonomie, garde

les grands problèmes : défense, relations extérieures, monnaie.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!