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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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bombes. Ils ne sont pour eux que gibier vil et nocif. Ils n'acceptent pas les

bombes qui frappent aveuglément Européens et musulmans, souvent mêlés.

Ce mépris explicite bien des comportements, même si parfois un rebelle

arrêté échappe à ce jugement sommaire.

*

* *

Sitôt investi de ses nouvelles fonctions policières, Massu plaque ses

unités sur le terrain et quadrille la ville et sa banlieue. Le 2 e R.P.C. de

Fossey-François, qui a remplacé Château-Jobert, a Hussein-Dey, le 1 er

R.E.P. de Jeanpierre, le Clos-Salambier, le 3 e R.P.C. de Bigeard, Bab-el-

Oued et El-Biar, le 1 er R.C.P. de Meyer, la Casbah. En fait, les régiments

tourneront avec une certaine relève opérationnelle pour les aérer un peu. On

retrouvera ainsi Jeanpierre dans la Casbah à l'automne. Une Casbah où

stationnent également le 9 e zouaves non sans difficultés ni mérite.

Dès leur entrée en action, les paras, suivant l'expression de l'un d'eux,

« mettent le pied dans la fourmilière ». Effectivement, ils vont déranger et

sans ménagement. Munis, en dépit de quelques réticences des services

intéressés, des fichiers traditionnels de la police, ils arrêtent et interrogent

tous ceux qu'un titre ou un autre permet de suspecter de nationalisme. S'ils

ne participent pas, ils savent ! Ainsi des centaines, voire des milliers

d'individus passent aux interrogatoires. Les langues se délient plus ou

moins suivant les cas. Des indices se recoupent. Des filières se précisent.

Des repères s'identifient. Une arrestation motivée en déclenche une autre.

L'organigramme du F.L.N. sur la zone autonome d'Alger se cadre et se

remplit. Les identités des chefs ressortent. Très vite, l'adversaire perd son

ombre diaphane. Godard et les officiers de renseignements savent qui ils ont

face à eux, leurs habitudes et leurs méthodes. En quelques semaines, les

résultats tombent : terroristes arrêtés, stocks de bombes démantelés, armes

saisies.

Les hommes du F.L.N. n'ont pas attendu pour réagir. Le 26 janvier, des

bombes éclatent encore dans le centre ville : à l'« Otomatic », à la

« Cafétéria », au « Coq Hardi ». Cinq Européens sont déchiquetés. Il y a

quarante blessés. On saura par la suite que là encore des femmes sont

intervenues : Samia Lakhdari, Djemila Bouhired, Zohra Drif. Le 10 février,

deux nouvelles bombes explosent dans les tribunes des stades d'El-Biar et

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