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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Pourquoi pas par la négociation ? Cette formule aurait pour avantage de

ne point heurter l'Angleterre, toujours chatouilleuse sur ce qui se trame

entre Gibraltar et Malte. En août 1828, des contacts ne débouchent que sur

un échange de prisonniers. Le dey ne cède pas sur le fond, refusant de

s'humilier devant la France quel qu'en soit le prix. Un diplomate, Sarde, s'en

mêle durant l'été. Même réplique.

Au début de 1829, l'opposition à la Chambre a beau jeu de railler la

politique algérienne :

« Voilà deux années que nos bâtiments, sans connaître d'hivernage,

restent à bloquer les parages d'Afrique et pourquoi ? Pour saisir en deux

années cinq à six mauvais petits corsaires, les seuls qui soient sortis d'Alger.

De sorte que la Marine a déjà dépensé plus de millions à cette croisière

qu'elle n'a capturé de barques valant au plus 20 000 francs pièce. Voilà

l'absurde guerre à laquelle on réduit nos marins. »

Le 17 juin, le blocus tourne mal. Un petit détachement de marins français

poursuivant un corsaire est poussé à la côte par la lame. Attaqués par une

multitude, vingt-quatre hommes, dont deux officiers, sont massacrés sur le

rivage. Leurs cadavres sont mutilés, leurs têtes coupées. Un seul matelot,

Martin, doit la vie à un Algérien magnanime.

Si, dans la capitale de la Régence, des réjouissances célèbrent ce

massacre, à Paris le ton monte. Les ultras, qui en tiennent toujours pour

l'intervention, trouvent un argument de poids.

Le 2 août, le nouvel envoyé français, La Bretonnière, venu une fois de

plus réclamer des excuses du dey, s'attire une réponse cinglante :

« J'ai de la poudre et des canons ; puisque nous ne pouvons nous

entendre, vous êtes libre de vous retirer. Vous êtes venu sous la foi du

saufconduit, je vous permets de sortir sous la même garantie. »

Pis encore pour l'orgueil national, les deux bâtiments entrés dans la rade

sous couvert du pavillon diplomatique se voient raccompagnés par quatrevingts

coups de canon dont certains portent, mais fort heureusement

n'atteignent personne.

Dignement, les vaisseaux français s'éloignent sans riposter, forts de leur

bon droit, mais ce dernier éclat emporte l'adhésion royale :

« Plus de concessions ! »

Une nouvelle équipe ministérielle animée par le prince de Polignac vient

de se mettre en place. A ces ultras parmi les ultras il revient de régler

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