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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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à 7 civils dont un couple et une fillette de sept ans. Un car et deux voitures

ont été mitraillés. Deux semaines plus tard, six fermes sont encore attaquées

entre Thiers et Palestro. 7 civils sont tués, dont trois femmes.

Palestro, ce modeste village de colonisation a une résonance tragique. Il

doit son nom à une victoire et à la charge héroïque mais coûteuse du 3 e

zouaves durant la campagne d'Italie sous Napoléon III. En 1871, lors de la

révolte kabyle, les colons européens y furent massacrés. En 1945, le village

fut hors de la zone insurgée mais la nouvelle rébellion vient à nouveau de le

frapper. Il va l'être encore.

Passé les dernières maisons, l'oued Isser a taillé un défilé semi-rectiligne.

Il s'appelle tout naturellement les gorges de Palestro... Là s'enfilent la voie

ferrée Alger-Sétif et la route nationale. Le voyageur, en ces lieux, se sent

mal à l'aise car il se sait dominé. Du haut des falaises, des broussailles qui

bordent l'à-pic, il devine qu'il peut être vu et donc qu'il peut être tiré. Alors,

il accélère, pressé de couvrir les quelques kilomètres qui le séparent de

l'espace libre et dégagé.

Impression trompeuse sur le fond car il risque moins que 80 kilomètres

plus en amont, en empruntant les Portes de Fer, entre Maillot et Mansourahdes-Bibans.

Là, sur la route qui serpente sans visibilité, à tout moment la

rafale peut venir à bout portant des bas-côtés, un barrage peut bloquer la

chaussée derrière l'éperon couvert de résineux. On craint moins à Palestro

qu'aux Portes de Fer, mais l'entrée de la gorge a un petit air sinistre.

L'endroit a mauvaise réputation. Aussi, pour éviter des harcèlements qui

pourraient être meurtriers, l'armée française a placé des postes.

L'un de ceux-ci, une ancienne maison forestière, est occupé par une

section du 2 e bataillon du 9 e R.I.C. Les hommes sont des appelés. Leur

chef, le sous-lieutenant de réserve Arthur, est un universitaire préparant

l'agrégation. Il se passionne pour son travail. Il ne se contente pas de monter

une garde statique pour couvrir les gorges. Il sort, il rayonne, il noue des

contacts avec les populations.

Le 18 mai, sa patrouille tourne mal. Il s'aventure trop loin, sans

couverture. Son dispositif manque de profondeur et d'éclairage. Face à lui,

Ali Khodja, le sergent déserteur, à la tête de son commando zonal. Le souslieutenant

a moins de 20 « marsouins » sans expérience. A bout portant,

c'est un carnage. Il y a une quinzaine de tués. Les 3 blessés sont achevés.

Les rebelles entraînent deux prisonniers. Le lendemain, le général Massu

intervient avec le 1 er R.E.P. L'un des prisonniers est sauvé de justesse.

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