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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Mais dans cette belle unanimité on décèle déjà des lézardes. Des voix

s'élèvent à contre-courant. Deux universitaires, Francis et Colette Jeanson

publient en décembre un ouvrage qui fait quelque bruit en certains milieux :

L'Algérie hors-la-loi. Les auteurs dénoncent avec force les contradictions

de l'Algérie française.

En septembre, France-Observateur a sorti le papier d'un journaliste,

Robert Barrat. Celui-ci est allé voir un peu ce qui se passait dans le maquis

algérien. Certes, il n'a pu rapporter le récit de spectaculaires engagements

mais il a bavardé avec Abane et Ouamrane, il a rencontré une quinzaine de

maquisards en Kabylie. Présenter la rébellion algérienne dans un journal

français est déjà un événement et un scandale pour l'époque. Robert Barrat

éprouve quelques ennuis avec la justice.

Ainsi déjà se dessine l'appui, direct ou indirect, que la rébellion va

trouver en France métropolitaine.

*

* *

La guerre d'Algérie a donc désormais un an. Au terme de ce coup de

projecteur, le regard doit se reporter à nouveau sur la vie politique française

et le chef du gouvernement, Edgar Faure. Celui-ci a derrière lui une

majorité inconfortable. Des élections anticipées peuvent lui en apporter une

plus élargie. La France vote donc le 2 janvier pour remplacer l'Assemblée

dissoute. L'Algérie ne participe pas au scrutin. Jacques Soustelle a jugé en

accord avec le gouvernement sortant que la situation ne le permettait pas. Il

est vrai que l'insécurité règne et que serait-il sorti des urnes ? L'enjeu était

trop aléatoire et trop dangereux.

Edgar Faure, pourtant si avisé à l'ordinaire, a commis une erreur

d'appréciation. Il perd son pari. Une Chambre nouvelle se réunit, dominée

par un Front républicain, alliance des socialistes de Guy Mollet, des

radicaux de Mendès France, des centristes de Mitterrand et des républicains

sociaux, autrement dit des gaullistes, de Jacques Chaban-Delmas. Il y a

surtout un fait nouveau : un groupe d'inconnus propulsés par l'ire populaire

arrive au Palais-Bourbon. Ce sont les poujadistes, les élus de Pierre

Poujade. Dans leurs rangs, un ancien d'Indochine, médaillé militaire, Jean-

Marie Demarquet. Ce groupe poujadiste penchera du côté de l'Algérie

française.

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