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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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non seulement national, mais plus encore religieux. Sa foi anime sa

résistance.

Au général Trézel, il proclame : « Ma religion ne me permet pas de

laisser des musulmans sous la domination chrétienne. »

A Léon Roches, un Européen islamisé de son entourage, il déclare : « Je

suis contraint de faire la guerre aux chrétiens pour défendre notre sol, nos

femmes, nos enfants et plus que tout cela, notre religion, et cette guerre est

une guerre sainte. »

Il dira aussi : « Lorsqu'on est chrétien, on doit vivre avec les chrétiens ;

lorsqu'on est musulman, on doit vivre avec les musulmans et c'est un crime

de cohabiter avec les chrétiens. »

L'islam, cette grande force que d'autres après lui prendront comme

drapeau de leur révolte ! Ainsi Bou-Beghla, l'homme à la mule, ainsi Bou-

Hamama, l'homme au turban. C'est dire la force et l'impact de la religion sur

les masses de ce pays.

Abd el-Kader, en dépit de son courage et de son intelligence, échouera.

Tel Vercingétorix, il ne pourra rallier tous les siens autour de lui. Les

défections seront nombreuses, querelles de personnes, querelles d'intérêt,

qui feront le jeu des Français.

Cette guerre, sainte pour les uns, patriotique pour les autres par son

entreprise d'extension nationale, est menée avec rudesse pour ne point dire

brutalité. Il n'y a pas génocide mais guerre totale. Les troupes françaises

n'hésitent pas à pratiquer la politique de la terre brûlée pour mettre à genoux

les tribus. Ce moyen d'action s'érige parfois en tactique officielle et

Bugeaud lui-même ne craint pas de la préconiser. Sur le terrain, dans le feu

du combat, tous les expédients sont bons. Des groupes entiers sont

exterminés par asphyxie dans des grottes sur les ordres de Pélissier ou de

Saint-Arnaud. Bugeaud a dit :

« Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, fumez-les à outrance

comme des renards ! »

Pélissier, dans la région de Miliana, laisse derrière lui près

de 500 cadavres ainsi enfumés.

L'autre camp n'est pas en reste. En 1839, lançant sa révolte, Abd el-Kader

fait razzier la Mitidja. Personne n'est épargné. Civils, femmes, enfants

tombent sous les coups. Après le sort malheureux de la colonne

Montagnac – rehaussé par l'héroïsme des défenseurs du marabout de Sidi-

Brahim – les hommes de l'émir décapitent plus de deux cents prisonniers, la

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