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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Le général Parlange est un vieil Africain rompu aux pratiques du monde

maghrébin. Il connaît les méthodes de ses lointains prédécesseurs : les

bureaux arabes militaires. Le principe, il l'a plus ou moins appliqué dans le

cadre des affaires indigènes, les A.I., au Maroc, et il est toujours le même :

l'aura d'un chef militaire passionnément dévoué à sa tâche pour coiffer les

autochtones. Ces bureaux arabes ou ces affaires indigènes, Parlange les fait

revivre sous un autre nom : les S.A.S., sections administratives spécialisées.

Au printemps de 1955, le général Parlange se voit confier le

commandement civil et militaire des Aurès-Némentchas, épicentre de la

rébellion 6 . Quelle brèche déjà dans l'autorité préfectorale ! Le pouvoir civil

commence à baisser les bras et ce n'est qu'un début. Parlange, ainsi

intronisé, est en mesure d'appliquer ses théories, théories qui vont peu à peu

s'étendre à toute l'Algérie. Les S.A.S. de Parlange vont être, durant la

guerre, un des éléments essentiels de la pacification recherchée par les

Français. Leur influence sur le plan humain sera certaine.

La S.A.S., puisque ainsi on la désignera, est d'abord et surtout le chef de

S.A.S. Son rayonnement et son succès seront très largement tributaires de la

personnalité de ce jeune officier, lieutenant ou capitaine 7 . La mission de

celui-ci est double : administrer et renseigner. La première est donc civile et

rejoint les fonctions de l'administrateur mais son champ d'action est

beaucoup plus limité, d'où une meilleure audience. Tout comme

l'administrateur, il a son bordj, qu'il faut parfois construire de rien, et son

équipe. Désormais, les populations, souvent regroupées près de lui par la

suite, trouvent à proximité les services qu'elles devaient souvent aller

chercher très loin : un dispensaire avec un médecin, une école jouxtant ses

locaux. Une action humanitaire plus localisée et plus poussée peut ainsi être

engagée.

Soldat, le chef de S.A.S. a une seconde mission militaire. Au contact de

la masse musulmane, il doit pouvoir collecter renseignements et

informations. Son petit groupe de supplétifs musulmans, le maghzen, lui

permet de mener des actions de police et de sécurité.

Les officiers S.A.S., venus pour beaucoup de l'arme blindée de cavalerie,

seront, dans l'ensemble, de qualité. Oh ! certes, ils n'ont pas appris au départ

leur désignation avec un enthousiasme délirant. Leur métier se veut celui

des armes et le stage de formation initiale s'annonce un entracte fastidieux.

Puis, dans leur majorité, ils se sont pris au jeu, se donnant avec passion à ce

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