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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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état d'arrestation.

La réplique de Durand-Ruel le cingle à jamais :

« De notre temps, les généraux ne bradaient pas l'Empire ! »

Bradeur ! Bradeur, Gambiez ! On y revient sans cesse. Pauvre Nimbus !

Il a trahi deux fois : ses maîtres, qu'il a mal servis, n'ayant pu prévenir

l'événement qu'il savait sous-jacent ; ses subordonnés, qu'il n'a su ni

comprendre ni protéger de leurs démons 3 .

Le samedi 22 avril, Alger se réveille au son des marches militaires que

diffuse Radio-France, nouvel indicatif de Radio-Alger. Un vent de folie

envahit la ville. Des drapeaux apparaissent aux fenêtres. La population

applaudit et congratule les paras. Les cinq syllabes de l'Algérie française

martèlent les artères. Ce que personne n'osait plus espérer s'est produit.

L'armée s'est révoltée. Ils avaient raison ceux qui disaient que l'armée ne

laisserait pas faire. Ah, l'armée, quel mythe pour les civils !

Effectivement, Challe et ses compagnons tiennent la ville. Morin,

Gambiez, Vézinet, Saint-Hillier, un ministre même, Robert Buron, pris au

piège alors qu'il était en transit, sont prisonniers des paras ou des

légionnaires. Challe peut retrouver son ancien bureau au quartier Rignot et

les colonels de Paris reprendre des postes de responsabilité. La radio, entre

deux fanfares, diffuse la proclamation de Challe et la liste sans cesse

croissante des unités ralliées. Le 18 e , le 14 e R.C.P. arrivent comme prévu.

Arrive aussi le 1 er R.E.C. avec les harkis d'Edgar-Quinet du commandant

Guizien 4 . On annonce l'adhésion du 27 e dragons du colonel Puga, un

régiment du contingent, du 7 e R.T.A., un régiment de tirailleurs algériens,

du 1 er R.I.M.A. du commandant Loustau en Grande-Kabylie, etc.

Apparemment, c'est la victoire.

En fait, il n'en est encore rien. Alger n'est pas l'Algérie. A Constantine, le

général Gouraud, le neveu du manchot de 14-18, n'a pas la fermeté d'âme

de son glorieux parent. Il joue la valse hésitation, ne se décidant pas à opter

franchement. A Batna, Ducournau a choisi la fuite, c'est-à-dire d'attendre le

vent. Il avait pourtant donné son accord à Masselot et à de La Chapelle. A

Bône, Ailleret, pressé par Buchoud, qui commande le secteur de La Calle,

attend. Attendre et, bien évidemment, voir. Tels vont être les maîtres mots

des généraux.

A Oran, le putsch n'a pas fait école. Gardy est bien arrivé dans son ancien

fief de Sidi-Bel-Abbès. Brothier l'a reçu avec égards mais il n'engage pas la

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