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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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aurez beaucoup à souffrir 5 . »

– à Christian Pineau, ministre des Affaires étrangères de Guy Mollet,

en 1957 : « Il n'y a qu'une solution pour l'Algérie : l'indépendance. »

– au prince Moulay Hassan, le 3 octobre 1956 : « L'Algérie sera

indépendante, qu'on le veuille ou non. Alors le tout, c'est le comment. Le

fait est inscrit dans l'Histoire. Tout dépend du comment. »

La liste des interlocuteurs ayant eu des confidences identiques serait

longue : Alain Savary, Maurice Schumann, Jean-Raymond Tournoux,

Maurice Clavel...

De Gaulle, quant à lui, par la suite, ne s'en cachera pas :

« De tout temps, avant que je revienne au pouvoir, et lorsque j'y suis

revenu, après avoir étudié le problème, j'ai toujours su et décidé qu'il

faudrait donner à l'Algérie son indépendance 6 . »

Charles de Gaulle a le droit absolu de posséder ses propres convictions

sur l'avenir de l'Algérie. Personne, de bonne foi, ne peut, à un libre citoyen

d'un pays libre, reprocher ses opinions (dans la mesure où elles ne nuisent

pas évidemment à l'intérêt national).

Le divorce découlera de l'opposition entre les propos officiels et les

convictions prolongées par des faits. Le de Gaulle public n'utilise pas le

même vocable que le de Gaulle privé. Il y a pour cela bien des raisons.

L'Ermite de Colombey-les-Deux-Eglises a très vite perçu la planche d'appel

que représentait pour lui la guerre d'Algérie. Il n'a eu que sarcasmes pour

ces politiciens qui ruinent le pays et lui feraient perdre l'Algérie.

Il sait que l'opinion n'a pas encore basculé et demeure encore largement

favorable à l'Algérie française. Il connaît le poids d'une armée, seul corps

vraiment homogène et qui, à quelques exceptions près, s'est engagée à fond

dans une guerre devant assurer la permanence de la présence française. Sa

route ne peut être que sinueuse et souterraine.

Dans les Mémoires d'espoir 7 il a justifié les méandres de cette politique :

« Ce n'est que progressivement, en utilisant chaque secousse comme

l'occasion d'aller plus loin, que j'obtiendrais un courant de consentement

assez fort pour emporter tout. Au contraire, si de but en blanc j'affichais

mes intentions, nul doute que, sur l'océan des ignorances alarmées, des

étonnements scandalisés, des malveillances coalisées, se fût levée, dans

tous les milieux, une vague de stupeurs et de fureurs qui eût fait chavirer le

navire. »

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