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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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puis la colonisation sur le fond s'est voulue agricole et l'effet s'en ressent.

L'Algérie est, par conséquent, le meilleur client de la France dont elle est

largement tributaire.

En revanche, les exploitations minières sont nombreuses même si elles

sont d'inégale valeur. C'est une vieille richesse du pays que les Romains

connaissaient déjà. On extrait du fer dans l'Ouenza, au nord de Tébessa et

près de Béni-Saf sur la côte oranaise, du charbon à Kenadza dans la région

de Colomb-Béchar. Les gisements de fer sont destinés à l'exportation (plus

d'un million de tonnes par an) ; en revanche, le charbon (280 000 tonnes

annuelles dans des conditions difficiles) est utilisé en Algérie même. Les

petites mines disséminées dans tout le pays donnent des minerais d'assez

bonne qualité : phosphates à Tocqueville, près de Sétif ; plomb à Sidi-

Kamber, près d'El-Milia, en Petite Kabylie ; zinc près de Lafayette,

également en Petite Kabylie ; fer encore avec du zinc à Sidi-Marouf dans la

même région ; cuivre aussi à Aïn-Babar, etc. L'ensemble, qui est exporté, a

en outre l'avantage de fournir un complément de travail à la population

indigène locale. L'Algérie, c'est aussi, faut-il le rappeler, cette immensité de

sable, de cailloux, de montagnes calcinées où sur plus de deux millions de

kilomètres carrés – quatre fois la France – ne vivent que 550 000 habitants

dont une poignée d'Européens (4 500). L'occupation française est

relativement récente puisque, débutée en 1870, la pacification ne s'est

pratiquement achevée qu'en 1920. Pays aux richesses encore mal connues,

le Sahara est, pour l'heure, essentiellement le trait d'union entre les deux

Afriques françaises : la Blanche du nord, la Noire du centre.

Les militaires sont encore les maîtres de ce domaine que l'on désigne du

nom de « Territoires du Sud ». Ils sont tout avec leurs forts isolés à des

centaines de kilomètres les uns des autres, leurs compagnies sahariennes qui

veillent à la sécurité du désert. Par eux, ici, règne la paix française. Les

officiers des affaires indigènes, qui œuvrent dans le souvenir des grands

sahariens (Laperrine, Charles de Foucauld) en ont la charge administrative.

Sédentaires des oasis (175 000 à 200 000), transhumants du nord (environ

200 000), et grands nomades chameliers (quelques dizaines de milliers)

dépendent d'eux.

Pour les uns comme pour les autres, l'économie reste très traditionnelle.

Récolte des dattes, artisanat de tissage, négoce de produits d'élevage

fournissent l'essentiel des ressources à une population dont les besoins de

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