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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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bien : le comité d'entente des anciens combattants et l'U.F.N.-A., l'Union

française nord-africaine.

Les anciens combattants pèsent lourd en Algérie. Il est vrai que tous les

hommes de plus de trente ans ont été au feu, sous de Montsabert, Juin, de

Lattre ou Leclerc, pour la libération de la France. Des drapeaux, des

médailles, ils en ont gagné. Des souvenirs communs, ils en ont. Ils ont leur

maison à eux, vaste building neuf, avenue du 8-Novembre 1 .

Chaque amicale régimentaire y a son bureau, ses locaux. Anciens

marsouins, zouaves, tirailleurs, chasseurs d'Afrique, etc., s'y retrouvent. Au

dernier étage, la lampe brille souvent tard le soir. C'est le saint des saints, le

fief des anciens de la 2 e D.B. groupés derrière leur tout dévoué président,

Georges Kerdavid. Sous le portrait de Leclerc, on y tape la carte en sirotant

l'anisette, mais plus encore on y rêve tout haut des grands coups qui

garderont l'Algérie française. Ce bâtiment du 8-Novembre que n'a-t-il pas

enregistré ! Tous ces anciens combattants se sont coiffés d'un comité

d'entente dirigé par un pilote de ligne, Georges Arnould. Les décisions se

prennent plus vite et les consignes redescendent encore plus vite. Les

Européens ont su adopter le « téléphone arabe ». Des milliers d'hommes

peuvent ainsi être réunis, presque tous armés. Qui ne l'est pas, du reste, à

Alger ? Qui n'a pas rapporté son parabellum ou son colt comme souvenir de

la campagne ?

L'U.F.N.-A. ce n'est plus la ville, c'est la campagne ou la grande banlieue.

Un président, Boyer Banse, et surtout un animateur, Robert Martel, peu à

peu, sur la peur et la colère des fermiers de la Mitidja, ont monté leur

association. L'homme fort, c'est Martel, trente-cinq ans, un petit colon de

Chebli, Chebli, le village du tabac, à 10 kilomètres à l'est de Boufarik.

Curieux bonhomme, ce Robert Martel. Rien ne le prédisposait, lui, modeste

agriculteur, à sortir de l'ombre. La défense de sa terre l'a projeté aux avantpostes.

Un fou, disent de lui ses détracteurs, un saint, clament ses amis. Il

tient, il est vrai, un langage peu conventionnel : Dieu, le Christ-Roi, Jeanne

d'Arc, la Patrie et surtout l'Algérie française. Sincère, il l'est. Colporteur de

la bonne parole, il a tenu meetings et enrôlé les braves fermiers de la

Mitidja, de la vallée du Chélif et d'ailleurs. Ils forment une troupe de gens

rudes prêts à marcher.

Ce sont tous ces gens-là, anciens combattants, militants de Martel, sans

oublier les vagues turbulentes des étudiants et des lycéens d'Alger, qui

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