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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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mixtes. Tout gravite autour de ces pôles essentiels qui drainent la majorité

des pouvoirs et déterminent largement la vie des individus.

Au sommet de la hiérarchie se situe donc le gouverneur général, nommé

par le gouvernement français et siégeant à Alger. C'est un poste flatteur

débouchant sur de larges satisfactions. Il est prisé par les hommes politiques

et les hauts fonctionnaires car si le titulaire n'a pas rang de ministre, il est

une puissance, véritable chef de gouvernement local. Une tradition veut

qu'il ne soit pas confié à un enfant du pays.

On y a vu de grands noms. On se souvient des militaires, dont le dernier

fut Chanzy. Les civils ont eu, entre autres, Jules Cambon, Laferrière – il a

laissé son nom à un square qui sera un haut lieu de l'activisme algérois – et

surtout Jonnart en poste pendant plus de dix ans. Maurice Violette enfin,

dont le nom sera accolé à celui de Léon Blum pour un projet de réformes, a

été en poste de 1925 à 1927 12 .

Les attributions du gouverneur général sont multiples. Elles s'étagent

dans l'historique. Il représente à la fois le gouvernement de la République

française et l'Algérie en tant que personne civile. Pratiquement, tous les

grands corps de l'Etat dépendent de lui, en Algérie, à l'exception de l'armée,

de l'Instruction publique, des services non musulmans de la Justice et

certains départements du Trésor. En bref, administrateur, juge, financier,

législateur même, ce gouverneur général est au plus haut niveau la

puissance française en Algérie.

Certes, des assemblées gravitent à ses côtés, Délégations financières,

assemblée purement élective, conseil supérieur de l'Algérie composé de

hauts fonctionnaires ou d'élus. Leurs pouvoirs restent limités et leurs voix

consultatives. Si elles délibèrent pour voter le budget de l'Algérie en ultime

ressort la décision effective appartient au gouverneur général et par là à la

France. L'Algérie en fait est bien entre les mains des hommes politiques

français et de leurs mandants. (On a vu l'influence de certains de ces

derniers.)

Sous le gouverneur général, l'organigramme prévoit les trois

départements d'Alger, Oran et Constantine. De fait, monstres hypertrophiés,

ils ne sont pas adaptés par suite de l'immense diversité que leur étendue leur

fait supporter. La réalité des problèmes et des pouvoirs se situe à un, voire

deux échelons en dessous, c'est-à-dire à celui des communes.

Les communes de plein exercice sont les plus nombreuses. On en

dénombre 298. Régies par la loi du 5 août 1884, elles se sont constituées là

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