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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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ne sera pas isolée. Combien prendront du recul dans l'attente d'y voir plus

clair 1 ! Combien, au pied du mur, se désisteront !

Et puis, cela est certain, l'armée du 22 avril 1961 n'est plus celle du 13

mai 1958. Elle a été épurée. Elle est sensible au mythe de Gaulle. Celui-ci a

placé des hommes à lui aux points essentiels. La belle cohésion n'existe

plus. Elle n'existera plus.

Le putsch a aussi manqué de souffle. Pour donner force au mouvement, il

eût fallu des mesures spectaculaires : libération et rapatriement du

contingent ; enrôlement massif des civils, réforme agraire pour drainer les

fellahs musulmans. De telles décisions, sans modifier l'issue finale, auraient

donné une autre force à la révolte des généraux. Le pouvoir gaulliste aurait

peut-être dû alors composer avec lui.

Alors, le 22 avril ? Putsch d'opérette ? Peut-être ! Putsch de l'honneur ?

Certainement ! De Gaulle dira à ses ministres : « Ce qui est grave,

messieurs, dans cette affaire, c'est qu'elle n'est pas sérieuse ! »

Qu'elle n'ait duré que quatre jours prouve qu'il avait raison.

*

* *

Les lendemains du 22 avril seront amers pour les vaincus.

Challe se retrouve à la 10 e division de la prison de la Santé. Zeller,

camouflé quelques jours chez un parent à Alger, se rend à son tour. Les

deux ex-généraux occupent les cellules désertées par Ben Bella et ses

compagnons. Ils apprennent à leur tour à arpenter la modeste courette sous

le regard des gardes mobiles de faction.

Les autres généraux engagés les rejoignent progressivement : Bigot,

Nicot, Gouraud, Petit ainsi que les chefs de corps les plus compromis : de

La Chapelle, Masselot, Robin, Saint-Marc, Lecomte, Cabiro, Bréchignac.

Sept ans plus tôt, Bréchignac, le chef d'état-major de la 25 e D.P., alors jeune

commandant, était tombé entre les mains des Viets à Dien-Bien-Phu.

Progressivement, les autres décisions gouvernementales se font

connaître. Les unités fer de lance, 1 er R.E.P., 14 e et 18 e R.C.P., G.C.P.,

commandos de l'air, sont dissoutes. Les deux D.P., dont les chefs ont été

manifestement défaillants ou par trop attentistes, sont également dissoutes.

Une onzième D.L.I., créée pour la circonstance, regroupe les régiments

rescapés de la purge et écope d'un général qui n'est même pas para. En mai,

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