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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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L'armée française ne suffirait pas pour s'installer en défensive sur les

centaines de kilomètres qu'il représente. Seules les patrouilles blindées – la

herse – circulent et contrôlent l'état des lieux. En relative quiétude, l'A.L.N.

peut venir s'attaquer à l'obstacle à l'explosif ou plus discrètement à la

cisaille 6 .

Mais, dès lors, l'alerte est donnée et là se situe l'essentiel qui échappe à

plus d'un cacique breveté. La difficulté première et non la moindre de cette

guerre est de localiser l'adversaire. Le détruire relève, après, de l'art

militaire. Or le barrage coupé ou endommagé signifie une présence de

l'ennemi. Ce dernier se situe dans un cercle d'un rayon égal au kilométrage

qu'il pourra parcourir avant la mise en place du bouclage 7 . Celui-ci s'établit

bien évidemment en demi-cercle face à l'incursion supposée. Tout est donc

fonction de la rapidité d'intervention. Plus celle-ci sera rapide, plus la zone

à fouiller sera restreinte. Les chances de découvertes augmenteront d'autant.

La construction des deux barrages, face au Maroc et à la Tunisie, s'étale

sur 1957. D'un côté comme de l'autre, les réseaux électrifiés s'étirent sur

environ cinq cents kilomètres car il a fallu épouser au mieux les accidents

du terrain. Dans les zones sahariennes, plus dénudées, au sud de Colomb-

Béchar et de Négrine, une surveillance radar prend le relais 8 .

Dès leur mise en service, les barrages font sentir leur redoutable

efficacité. Comme prévu, ils donnent l'alerte et localisent les positions des

unités de l'A.L.N. Sur le front marocain, les résultats sont tangibles tout de

suite. L'arrière-pays oranais se prête mal à des infiltrations importantes.

Pour l'A.L.N., il faut se rabattre sur la route du sud en vue de gagner le

lointain djebel Amour 9 . Les tentatives se solderont presque toutes par un

cuisant échec 10 . Dès lors, le Maroc, coupé de liens effectifs avec l'Algérie,

ne sera plus qu'une base arrière sans grande incidence militaire sur la

bataille.

Sur le front tunisien, le barrage s'avère tout aussi utile mais l'affaire prend

là une autre dimension. L'A.L.N. en Tunisie représente de mois en mois une

force plus importante. Elle s'équipe et s'arme, grossie par les renforts venus

de France ou d'Algérie. Cette armée ne peut s'éterniser dans « sa base de

l'est » et les combattants de l'intérieur réclament de l'aide. Pour secourir

leurs frères, les djoundi doivent passer coûte que coûte. De là cette bataille

de 1957 de Tébessa et qui maintenant, avec l'achèvement de la ligne

Morice, va glisser vers le nord. La route du sud est devenue trop

dangereuse. Sitôt le barrage franchi, les katibas sont trop vite repérées dans

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