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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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wilaya IV, en pleine crise de « bleuite ». Le 5 mai, son chef, le colonel Si

M'hammed, est tué au douar Ouled-Beni-Achra.

Celui qui lui succède s'appelle le commandant Si Salah 10 . Son nom

restera attaché à l'une des plus dramatiques affaires de la guerre d'Algérie 11 .

Partout les résultats recherchés sont atteints : 50 % du potentiel rebelle

détruit dans l'Oranie, 40 % dans l'Algérois. Les grosses bandes ont été

laminées : 92 tués près de Molière, 98 près de Champlain avec, chaque fois,

fait nouveau et significatif du trouble chez certains, une trentaine de

prisonniers.

Le 1 er semestre 1959 apparaît d'autant plus favorable que le front est, le

plus dangereux, n'a pas été entamé. A une échelle plus réduite qu'en 1958,

l'A.L.N. a essayé de passer, mais à dire vrai le cœur n'y était pas 12 . Le

barrage est un piège mortel. Toutes les tentatives de début mars dans la

région de Souk-Ahras se soldent par un échec. La dernière grande bataille a

lieu en juin, dans la grande banlieue de Bône. Elle s'inscrira comme la

bataille de Bône bien que la ville n'ait rien perdu ce jour-là de son activité

coutumière.

La katiba rebelle, lourdement chargée – elle achemine des appareils

radio –, a franchi le réseau électrifié vers minuit. A défaut de guides,

absents au rendez-vous, elle pique sur le massif de l'Edough. Les

projecteurs de la cote 1 002 qui ceinturent, pour les protéger, les relais de

transmission, lui servent de repère lointain. Elle coupe au plus court à

travers les orangeraies et les vignes de la plaine de Bône. La nuit en juin est

courte. Le jour la trouve sur les bords de la Seybouse, dernier obstacle

sérieux avant la sécurité des broussailles de l'Edough. Dans le ciel, la ronde

des pipers d'observation a débuté avec le lever du soleil. L'un d'eux aperçoit

les silhouettes qui s'étirent dans les roseaux et les bambous qui bordent la

rive de la Seybouse. Dès lors, c'est la curée une fois de plus. Les blindés

bouclent la zone. Ils s'embossent directement sur la route nationale. Du

terrain d'aviation tout proche, les B-26 décollent, larguent leurs bidons de

napalm et dans le même virage prennent leur axe de piste pour se poser et

refaire le plein. Les rotations ne durent que quelques minutes. En milieu de

matinée le 2 e R.E.P. passe à l'action. Comme d'habitude, l'affaire se termine

au plus près. La katiba est décimée. Les A.N.G.R.C.-9 flambant neufs

n'émettront jamais... pour le F.L.N. du moins.

Cette dernière alerte sérieuse conduit le général Challe, pour plus de

sécurité encore, à doubler la ligne Morice. La ligne Challe couvrira la

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