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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Son outil de travail et ses méthodes se sont encore améliorés. Le corps de

bataille français a ses faiblesses à cause de ses servitudes territoriales qui lui

mangent la majeure partie des effectifs, mais il a son point fort, plus fort

que jamais : ses unités de réserve générale. Evidemment, ce sont encore et

toujours les mêmes, les paras et la légion, véritables pompiers militaires

face à tous les incendies.

Les paras, ce sont les deux divisions : la 10 e sur Alger et la 25 e dans le

Constantinois 3 . Au sommet, des têtes changent. Massu passe le relais à

Gracieux, un colonial solide. De Gaulle l'a promu, en toute sécurité,

commandant du corps d'armée d'Alger. Que peut-il attendre si ce n'est une

soumission totale de ce grognard compagnon de la Libération 4 ? A la 25 e ,

Ducournau, sorti des ministères, remplace le brave « Toto Sauvagnac », le

para de légende. L'ancien chef du cabinet militaire de Lacoste commence à

avoir le vertige. Il « fut bien », disent ses compagnons. Son intermède

ministériel lui a fait pousser les ailes de l'ambition ; il voit haut et compose

son personnage.

Sous Gracieux et Ducournau, les colonels changent aussi. Au 1 er R.E.P.,

Jeanpierre a enfin un successeur, Dufour, un légionnaire, bien sûr, dont on

évoque le glorieux séjour au 5 e R.E.I. en Indochine. Trinquier a quitté le 3 e

R.P.I.M.A. 5 pour El-Milia. Cette affectation, dans un secteur éloigné et

regardé comme pourri, ressemble à un exil.

Au 2 e R.E.P., Lefort, par la grâce d'amitiés ministérielles – il est au mieux

avec Jacques Chaban-Delmas –, est venu, pour deux ans, cueillir quelques

médailles. Buchoud a laissé son 9 e R.C.P. à Bréchignac, un ancien de Dien-

Bien-Phu. Un « tout bon », dit-on de cette force de la nature, qui derrière

une musculature de primate n'a rien d'un homo faber. Et Bigeard ? Il a

louvoyé un peu au 13 mai, hésitant sur la conduite à tenir, et le voici, lui, le

para coureur de djebel, exilé lui aussi à Saïda, dans un commandement de

secteur. Il s'y montrera égal à sa gloire 6 .

Les deux D.P. impressionnent sur le papier, mais sur le terrain leurs

régiments ne sont que de gros bataillons. A peine alignent-ils de 600 à

800 hommes. On verra des compagnies partir en opération avec moins

d'une centaine de combattants. A défaut du nombre, ces paras ont pour eux

leur souplesse, leur richesse d'encadrement, leur puissance de feu à l'heure

de l'assaut.

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